1 l’étape du jour
Une étape rallongée à cause du manque d'hébergement à Peyruis qui nous fait arriver à Segustero de tout temps carrefour stratégique.
2 le tracé
3 le détail de l'étape
Nous partons de bonne heure de l'hôtel et refaisons le kilomètre et demi pour aller au village encore endormi. Rue Grande nous trouvons la boulangerie ouverte et devons attendre 8 heures l'ouverture du café-concert. Le patron fait régulièrement le disk-jockey pour des soirées latinos, il est un peu fatigué ce matin...
Après Peyruis la Via Domitia passait au pied des coteaux de Surville et Plouzin, puis Chante-Merle et descendait le ravin de Mardaric à hauteur de la ferme Calvi.
Trois itinéraires sont envisagés ensuite. Le premier longeant la Durance suivant approximativement la N96. Il est plus long car il faut faire le tour de la colline pour suivre la vallée de la Durance. Les deux autres se dirigeant vers le nord en empruntant le ravin de Mardaric en s’écartant à partir des Mollières et allant directement vers Peipin. Le premier tracé est plus long, soumis aux crues de la Durance et de ses affluents rive droite. Cependant un tronçon de voie romaine a été détecté à la Cassine. Rien n'empêche de penser que les romains aient fait deux routes au cours du temps comme d'Orange à Bollène.
Le chemin que nous empruntons est à pente régulière et par endroit correctement empierré. Les traces de passage de chariots sont visibles et attestent d'une fréquentation régulière de cette voie.
Hélas plusieurs ponts sont endommagés et disparaîtrons complètement dans les prochaines années.
Nous sommes dans le territoire des Sogiontii, qui peuplaient la montagne de Lure, et étaient fédérés aux Voconces. Après la Conquête de la Gaule, ils ont été rattachés avec eux à la province romaine de Narbonnaise. Au IIème siècle, ce peuple est détaché des Voconces et forme une civitas distincte, avec pour capitale Segustero (Sisteron).
Au loin, les montagnes deviennent plus hautes.
Les panneaux indicateurs confortent le tracé de la voie domitienne amont, la plus directe vers Sisteron.
Un caïrn récent a été créé par les amis du Chemin de Compostelle.
Nous découvrons d'autres ponts en bon état pour l'heure.
Un autre est cerné d'un hideux filet orange de chantier, serpentant avec un gros tuyau orange le long du chemin et passant sur le pont. La signalisation "danger de mort" de proche en proche n'explique pas quel est le danger. Ce n'est pas l'effondrement de la route qui est signalé mais un câble sous tension...
Un petit panneau en céramique ne manque pas d'attirer l'œil du passant. Il y a un nid de sorcière dans le pin...
Le nid de sorcière est une plante épiphyte qui vit en parasite sur les arbres où il forme des grosses touffes arrondies qui restent vertes toute l'année...
Le chemin dans son univers forestier débouche sur une paisible vallée que nous allons parcourir sur toute sa longueur.
Nous nous arrêtons aux Chabannes où nous découvrons le café de la Mairie. Au cours de notre pause, nous assistons à un mariage puis à son issue, nous rencontrons notre quatrième maire depuis Bordeaux. Il nous a confirmé l'attrait de sa vallée à l'écart de la vie trépidante mais dont les petites communes n'ont pas d'argent pour maintenir les ouvrages anciens.
À partir du village, nous marchons sur une petite route qui contrairement à mon idée préconçue est fort fréquentée.
Nous arrivons enfin à Peipin.
Peipin s'appelait auparavant Podium Pini et faisait partie du diocèse et de la viguerie de Sisteron. Divers sites anciens ont été recensés dont un oppidum renfermant un tumulus ainsi que des vestiges de l’époque gallo-romaine. Les données sur Peipin au début du IIème millénaire sont succinctes, mais apportent cependant quelques lueurs sur l’organisation de la société. Podium Pini, « la colline des pins », apparaît en 1202 et représente la colline qui s’élève au milieu de la plaine et sur laquelle se crée le castrum avec une église dédiée à saint Martin. Celle-ci est citée en 1274 avec un capellanus ecclesie Podii Pini.
Nous retardons au maximum notre arrivée sur la N85 que la voie domitienne suivait ensuite dans ses grandes lignes. On ne peut pas imaginer une autre tracé que celui qui va directement vers Sisteron. Guy Barruol indique que le franchissement du Jabron se faisait par un pont ancien aujourd'hui disparu.
La Via Domitia devait correspondre à l'avenue de la Libération à son arrivée dans Segustero / Sisteron. La cité était un nœud routier où aboutissaient les voies venant de Forum Julii / Fréjus et Cemenelum / Cimiez et Nice. Ce carrefour de routes était dû au passage possible de la Durance, difficile à traverser partout ailleurs, en un point resserré de son cours (30 m seulement). C’était le seul pont en dur sur la Durance jusqu’au XIXème siècle. La cité occupait la vieille ville actuelle. La Via Domitia la traversait en son milieu, sur les actuelles rue Droite et rue de la Saunerie.
La ville, appartenant probablement au peuple gaulois des Sogiontii, cliente des Voconces, tire depuis toujours son importance de la traversée de la Durance. Cette étape (mansio à cette époque) est notée sur les gobelets de Vicarello Segusteronem. La ville est élevée au rang de civitas de la province des Alpes-Maritimes entre le IIème siècle et la fin du IVème siècle et devient siège du diocèse de Sisteron au Vème siècle (le premier évêque connu apparaît en 449).
L’oppidum pré-romain se trouvait sur le rocher de la citadelle. La ville antique est très mal connue, elle serait localisée à l’emplacement du bourg médiéval. Des zones funéraires ont été identifiées à proximité de la cathédrale. Deux cents mètres au sud de la cathédrale vers la mairie des vestiges de batiments du haut empire luxueux laissent penser que c’est ici que se situait la limite méridionale de la ville. Des vestiges romains ont été trouvés récemment à l’occasion de fouilles lors des travaux de l’Office du Tourisme. Une vue directe sur le mur dégagé lors des travaux permet de comprendre les difficultés de mise à jour de la ville romaine.
Nos amis Katy et Loulou sont venus passer la fin d'après-midi avec nous. C'est un grand plaisir de changer notre routine quotidienne !
Avec eux nous allons voir le musée archéologique de la ville qui est gratuit, chose rare de nos jours ! Plusieurs maisons de la vieille ville sont intéressantes dont une avec une superbe porte.
La visite du musée est intéressante et permet d'apprécier le degré d'incertitude actuel qui offre des champs de recherche aux générations futures.
Une tombe simple présente le recyclage des matériaux avec des tegulae faisant office de sarcophage. Au moins le défunt n'avait pas la perception d'être dans une boîte!
Plusieurs statues découvertes à Sisteron sont exposées comme cette effigie funéraire baptisée la dame à la lyre, représente la défunte avec sa harpe, instrument de musique qui rappelle une de ses occupations favorites.
Le mobilier funéraire fait partie de l'exposition. Les morts étaient habillés avec leurs plus beaux habits. Ils étaient parés de bijoux et des fioles à parfum comme des outils rappelant leurs métiers étaient déposés avec eux. Des pièces étaient placèes dans la main ou sous la langue du défunt pour payer
l'obole à Charon, droit de péage pour passer du monde de vivants à celui des morts.
Nous avons terminé la soirée par un excellent dîner avec Katy et Loulou au cours duquel nous avons profité d'une cuisine à base de produits locaux chez Claudine et Chantal.
Encore une fois grand merci pour cette venue à Sisteron pour nous encourager.
La pluie de fin d'après-midi va-t-elle se poursuivre les prochains jours ? Vous le saurez en suivant les prochains épisodes...
4 logistique
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire