C'est à partir du XIème siècle qu'apparaît Pexiora, point relais de la Via Aquitania, entre Castelnaudary (Sostomagus) et Bram (Eburomagus). Le village prit forme autour d'une chapelle romane en ruines. À proximité de l'édifice, les Hospitaliers de l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem fondèrent vers 1102 une commanderie ainsi qu'un hôpital. Vers 1134, fut également créée une deuxième chapelle, dédiée à Saint Jean-Baptiste patron de leur ordre.Durant la croisade contre les Albigeois, les Hospitaliers tolèrerent la présence des Cathares sur le territoire de la commanderie. L'enrichissement de la commanderie, lié aux dons de terres et de bêtes de différentes personnalités locales impliquées dans l'hérésie en est peut-être à l'origine. Pexiora échappat aux dévastations que commit le Prince noir en Languedoc en 1355, moyennant une rançon importante.
Nous ne prenons guère le temps de regarder les monuments du village. Notre seule préoccupation est de trouver un bar. Nous en trouvons un qui fait aussi bureau de tabac, alimentation et point presse. Nous faisons durer la pause en escomptant une accalmie qui ne viendra pas. Trois quarts d'heure plus tard nous repartons sur notre longue ligne droite.Le vicus Eburomagus a été la plus grande agglomération antique du Lauragais, couvrant quelques 50 hectares.
Le site, qui correspond à l’actuelle ville de Bram, a été occupé de la première moitié du IIème siècle avant J.-C. jusqu’au Vème siècle après J.-C. L’origine du toponyme est gauloise : Eburomagus signifie soit le « marché de l’if ». ou bien le « marché d’Eburos ».
C’est au IIème siècle avant J.-C. que l’agglomération commence à se développer avant de prendre le statut de vicus avec la conquête romaine. Son importance, son statut, son évolution, les raisons de sa prospérité sont essentiellement dus à son implantation sur un carrefour de la voie d’Aquitaine et d'une voie nord-sud perpendiculaire ainsi que sa position au coeur d’un riche pays agricole.
Au IIème siècle ap. J.-C. les trois magistri vici de la ville offrent un théâtre aux habitants, comme le révèle sa dédicace découverte en 1969 dans une maison de la place Carnot.
Pour les latinistes émérites je vous écris le texte en latin :
Numini
Augustor (um) et Apollini
Q (uinlus) Marius Quartus
L(ucius) Plulius Viator L (ucius) Decumius Celadus
magistri vici Eburomagi
thealrum de sua pecunia f (ece (runl)
idemque dedi (caverunl)
Et que je traduis en Français pour les autres... :
Quintus Marius Quartus, Lucius Plutius Viator, Lucius Decumius Celadus, magistri du vicus Eburomagus, firent construire ce théâtre avec leur propre argent, et le consacrèrent au génie des Augustes et à Apollon. Les magistri vici sont habituellement trouvés dans le voisinage de grandes villes comme Rome ou Pompeii mais occasionnellement dans des villages de province comme ici les magistri vici Eburomagi en Narbonensis et un magister vici Bodatii en Belgica. La dédicace aux Augustes fait référence à une période où plusieurs empereurs régnaient ensemble (Marc Aurele et Lucius Aurelius Verus (162-169 ) ou Marc Aurele et Commode (176-180)).
La première mention d’Eburomagus apparaît vers 70 avant notre ère dans le pro Fonteio de Cicéron. Plus tard, en 333 l’Anonyme de Bordeaux mentionne le « bourg de Bram » ("vicus Hebromogus") comme une étape dans son Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem. La table de Peutinger indique aussi Eburomagus entre Carcassonne et Fines.
Centre commercial et artisanal très actif, Eburomagus s’est développé à un carrefour important : la Voie d’Aquitaine reliant Narbonne au sud-est à Toulouse au nord-est et l’axe secondaire entre la Montagne Noire au nord-est et les vallées de l’Aude et de l’Ariège au sud-ouest.
Le tournant dans le développement du vicus a lieu à partir de l'époque augustéenne. L’agglomération se développe et devient un centre économique important : ses activités artisanales et marchandes approvisionnent la région. Sur le plan commercial, les nombreuses céramiques d’époque impériale découvertes (italiques, ibériques, africaines) confirment le rôle notable que Cicéron donne un peu plus tôt à Eburomagus dans le commerce du vin.
Eburomagus était un centre important de production céramique avec pas moins de cinq ateliers à l’époque d’Auguste. La diffusion des céramiques atteste aussi de ce dynamisme : de la Méditerranée à Bordeaux, des Pyrénées à l’Albigeois.
Le travail du fer est aussi attesté à Eburomagus. Il est certain que les artisans y pratiquaient la réduction et surtout la fabrication d’objets correspondant aux besoins locaux, notamment pour l’agriculture. Cette activité était en lien avec les centres sidérurgiques de la Montagne Noire : des céramiques produites à Bram ont été retrouvées au Martys (Aude), tandis que des lingots fondus dans les bas-fourneaux de la Montagne Noire ont été transformés dans les forges d’Eburomagus. Le travail du bronze est également avéré à Eburomagus.
Nous avons visité avec grand intérêt la Maison de l’archéologie "Eburomagus", le centre archéologique qui est le lieu du rapatriement des pièces de la zone et pour beaucoup de Bram, entreposées jusque-là au dépôt du Présidial à Castelnaudary.
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