samedi 30 septembre 2017

36 de Peyruis à Sisteron 22 km

1 l’étape du jour
 
Une étape rallongée à cause du manque d'hébergement à Peyruis qui nous fait arriver à Segustero de tout temps carrefour stratégique.
 
 
2 le tracé
 
 
 
 
 
3 le détail de l'étape
 
Nous partons de bonne heure de l'hôtel et refaisons le kilomètre et demi pour aller au village encore endormi. Rue Grande nous trouvons la boulangerie ouverte et devons attendre 8 heures l'ouverture du café-concert. Le patron fait régulièrement le disk-jockey pour des soirées latinos, il est un peu fatigué ce matin...
 




Après Peyruis la Via Domitia passait au pied des coteaux de Surville et Plouzin, puis Chante-Merle et descendait le ravin de Mardaric à hauteur de la ferme Calvi.
 



Trois itinéraires sont envisagés ensuite. Le premier longeant la Durance suivant approximativement la N96. Il est plus long car il faut faire le tour de la colline pour suivre la vallée de la Durance. Les deux autres se dirigeant vers le nord en empruntant le ravin de Mardaric en s’écartant à partir des Mollières et allant directement vers Peipin. Le premier tracé est plus long, soumis aux crues de la Durance et de ses affluents rive droite. Cependant un tronçon de voie romaine a été détecté à la Cassine. Rien n'empêche de penser que les romains aient fait deux routes au cours du temps comme d'Orange à Bollène. 
Le chemin que nous empruntons est à pente régulière et par endroit correctement empierré. Les traces de passage de chariots sont visibles et attestent d'une fréquentation régulière de cette voie.



Hélas plusieurs ponts sont endommagés et disparaîtrons complètement dans les prochaines années.


Nous sommes dans le territoire des Sogiontii, qui peuplaient la montagne de Lure, et étaient fédérés aux Voconces. Après la Conquête de la Gaule, ils ont été rattachés avec eux à la province romaine de Narbonnaise. Au IIème siècle, ce peuple est détaché des Voconces et forme une civitas distincte, avec pour capitale Segustero (Sisteron). 
Au loin, les montagnes deviennent plus hautes. 

 


 
Les panneaux indicateurs confortent le tracé de la voie domitienne amont, la plus directe vers Sisteron.


Un caïrn récent a été créé par les amis du Chemin de Compostelle.


Nous découvrons d'autres ponts en bon état pour l'heure.



Un autre est cerné d'un hideux filet orange de chantier, serpentant avec un gros tuyau orange le long du chemin et passant sur le pont. La signalisation "danger de mort"  de proche en proche n'explique pas quel est le danger. Ce n'est pas l'effondrement de la route qui est signalé mais un câble sous tension...


Un petit panneau en céramique ne manque pas d'attirer l'œil du passant. Il y a un nid de sorcière dans le pin...
Le nid de sorcière est une  plante épiphyte qui vit en parasite sur les arbres où il forme des grosses touffes arrondies qui restent vertes toute l'année...



Le chemin dans son univers forestier débouche sur une paisible vallée que nous allons parcourir sur toute sa longueur.


Nous nous arrêtons aux Chabannes où nous découvrons le café de la Mairie. Au cours de notre pause, nous assistons à un mariage puis à son issue, nous rencontrons notre quatrième maire depuis Bordeaux. Il nous a confirmé l'attrait de sa vallée à l'écart de la vie trépidante mais dont les petites communes n'ont pas d'argent pour maintenir les ouvrages anciens.
À partir du village, nous marchons sur une petite route qui contrairement à mon idée préconçue est fort fréquentée. 
Nous arrivons enfin à Peipin.



Peipin s'appelait auparavant Podium Pini et faisait partie du diocèse et de la viguerie de Sisteron. Divers sites anciens ont été recensés dont un oppidum renfermant un tumulus ainsi que des vestiges de l’époque gallo-romaine. Les données sur Peipin au début du IIème millénaire sont succinctes, mais apportent cependant quelques lueurs sur l’organisation de la société. Podium Pini, « la colline des pins », apparaît en 1202 et représente la colline qui s’élève au milieu de la plaine et sur laquelle se crée le castrum avec une église dédiée à saint Martin. Celle-ci est citée en 1274 avec un capellanus ecclesie Podii Pini.
 
Nous retardons au maximum notre arrivée sur la N85 que la voie domitienne suivait ensuite dans ses grandes lignes. On ne peut pas imaginer une autre tracé que celui qui va directement vers Sisteron. Guy Barruol indique que le franchissement du Jabron se faisait par un pont ancien aujourd'hui disparu. 




La Via Domitia devait correspondre à l'avenue de la Libération à son arrivée dans Segustero Sisteron. La cité était un nœud routier où aboutissaient les voies venant de Forum Julii / Fréjus et Cemenelum / Cimiez et Nice. Ce carrefour de routes était dû au passage possible de la Durance, difficile à traverser partout ailleurs, en un point resserré de son cours (30 m seulement). C’était le seul pont en dur sur la Durance jusqu’au XIXème siècle. La cité occupait la vieille ville actuelle. La Via Domitia la traversait en son milieu, sur les actuelles rue Droite et rue de la Saunerie. 


La ville, appartenant probablement au peuple gaulois des Sogiontii, cliente des Voconces, tire depuis toujours son importance de la traversée de la Durance. Cette étape (mansio à cette époque) est notée sur les gobelets de Vicarello SegusteronemLa ville est élevée au rang de civitas de la province des Alpes-Maritimes entre le IIème siècle et la fin du IVème siècle et devient siège du diocèse de Sisteron au Vème siècle (le premier évêque connu apparaît en 449).

L’oppidum pré-romain se trouvait sur le rocher de la citadelle. La ville antique est très mal connue, elle serait localisée à  l’emplacement du bourg  médiéval. Des zones funéraires ont été identifiées à proximité de la cathédrale. Deux cents mètres au sud de la cathédrale vers la mairie des vestiges de batiments du haut empire luxueux laissent penser que c’est ici que se situait la limite méridionale de la ville. Des vestiges romains ont été trouvés récemment à l’occasion de fouilles lors des travaux de l’Office du Tourisme. Une vue directe sur le mur dégagé lors des travaux permet de comprendre les difficultés de mise à jour de la ville romaine.



Nos amis Katy et Loulou sont venus passer la fin d'après-midi avec nous. C'est un grand plaisir de changer notre routine quotidienne !


Avec eux nous allons voir le musée archéologique de la ville qui est gratuit, chose rare de nos jours ! Plusieurs maisons de la vieille ville sont intéressantes dont une avec une superbe porte.


La visite du musée est intéressante et permet d'apprécier le degré d'incertitude actuel qui offre des champs de recherche aux générations futures.


Une tombe simple présente le recyclage des matériaux avec des tegulae faisant office de sarcophage. Au moins le défunt n'avait pas la perception d'être dans une boîte!


Plusieurs statues découvertes à Sisteron sont exposées comme cette effigie funéraire baptisée la dame à la lyre, représente la défunte avec sa harpe, instrument de musique qui rappelle une de ses occupations favorites.



Le mobilier funéraire  fait partie de l'exposition. Les morts étaient habillés avec leurs plus beaux habits. Ils étaient parés de bijoux et des fioles à parfum comme des outils rappelant leurs métiers étaient déposés avec eux. Des pièces étaient placèes dans la main ou sous la langue du défunt pour payer l'obole à Charon, droit de péage pour passer du monde de vivants à celui des morts.







Nous avons terminé la soirée par un excellent dîner avec Katy et Loulou au cours duquel nous avons profité d'une cuisine à base de produits locaux chez Claudine et Chantal. 

Encore une fois grand merci pour cette venue à Sisteron pour nous encourager.

La pluie de fin d'après-midi va-t-elle se poursuivre les prochains jours ? Vous le saurez en suivant les prochains épisodes...


 
4 logistique
 
 
Hébergement 

 

HOTEL DE LA CITADELLE 126 rue Saunerie chambre jacquaire 30€ Tél 04 92 61 13 52 lanouvellecitadelle@free.fr 

 
 


 
 

vendredi 29 septembre 2017

35 de Niozelles à Peyruis 20 km

1 l’étape du jour
 
C'est le retour dans la vallée de la Durance que nous n'allons plus quitter (ou presque) jusqu'à Briançon. Comme la N96 se confond pour une bonne partie avec la Via Domitia nous choisissons de grimper au prieurés de Ganagobie avant de finir à Peyruis.
 
 
2 le tracé
 
 
 
3 le détail de l'étape
 
 Depuis la terrasse de notre gîte, ce matin, Christine a pris cette photo à l'aube. On voit bien par où passait la Via Domitia !
  


Nous prenons la route la plus directe vers le gué qui garantit le passage sur le Lauzon, puis d'atteindre la Chapelle de Notre-Dame-des-Anges. Il nous faut descendre vers la rivière, le ramassage des courges pour faire une teinture-mère de cucurbita pepo est déjà commencée comme le vol d'une montgolfière profitant du calme du matin. (Si, le petit point noir est bien une montgolfière !)



Nous franchissons une clôture électrique pour poursuivre. C'est un immense champ où nous trouvons trois chevaux affectueux qui viennent à notre rencontre. Puis un quatrième qui arrive au galop. Bref, Christine accélère, je tente de suivre au mieux et les chevaux nous accompagnent. Le plus affectueux essaye même de me voler une pomme dans mon sac à dos. Finalement, nous passons la deuxième clôture qui signifie la fin du champ. Un court passage sur une route et nous voilà arrivés à la chapelle Notre Dame des Anges

Une mutatio était établi sur le site actuel de la chapelle et du château de Notre-Dame-des-Anges. L'abondance des preuves toponymiques, épigraphiques et archéologiques permet de savoir avec certitude que le site antique d'Alaunium se situait à cet endroit, même sans fouilles approfondies.
 
Près du Lauzon, la chapelle fut construite sur cet ancien site gallo-romain. Celui-ci fut dans l'Antiquité une étape importante sur la Via Domitia. Ce gîte d'étape comportait auberge, écuries, thermes, relais de poste et temple. Un culte était rendu à une divinité nommée Alaunius, qui pourrait être Mercure. Des vestiges archéologiques en témoignent, comme une pierre gravée découverte au XVIIIème siècle à l'ouest de la chapelle et enchâssée dans le mur nord. Elle porte une inscription fragmentaire qui exprime une dédicace.

J'ai obtenu ces informations et en particulier la traduction grâce au pupitre mis à la disposition des touristes.
 


 
        Le texte semble pouvoir être reconstitué comme suit : "Us Tacitus, (deo) Alaunio, (de) s(uo) p(osuit) ou (de) s(ua) p(ecunia) v(otum) solvit l(ibens) (merito)", ce qui se traduit par : "Tacitus s'est acquitté de bon gré, à juste titre et à ses frais (ou par lui-même) de son voeu à Alaunius". Il pourrait s'agir de l'empereur Tacite qui aurait fait construire en ces lieux un temple et un arc de triomphe. L'inscription proviendrait du frontispice dudit temple.




        Alaunium fut détruite par les barbares au Vème siècle. Le site fut dès lors abandonné par ses habitants, qui fondèrent Lurs sur la colline. Aujourd'hui, les niveaux archéologiques des vestiges d'Alaunium ne sont plus visibles, enfouis sans doute au niveau de la première chapelle d'époque romane (XIIème siècle). Celle-ci a conservé le nom d'Aulun, dans son appellation ancienne de Sainte-Marie-d'Aulun. La chapelle devint un lieu de pélerinage après la grande peste du XIVème siècle.
 
 

Le domaine de Notre-Dame-d’Olon (Alaunium) appartenait à l’évêque de Sisteron, qui l’échange au milieu du XIIème siècle avec les Templiers contre La Brillanne. La chapelle actuelle est construite entre 1662 et 1674 comme chapelle du couvent des récollets. Au XVIIIème siècle, elle est augmentée de six chapelles latérales voûtées d’ogives de type archaïque pour cette époque, puis subit d’importantes réparations au début des années 1750. Cependant, cette chapelle est construite sur une plus ancienne, qui pourrait remonter au XIème siècle. 



Nous reprenons le cours de notre périple sur une petite route qui s'élève. De ce point de vue, il est facile d'imaginer par où passait la voie domitienne. Au loin, les dômes de Saint-Michel-l'Observatoire sont encore visibles.



Le chemin bascule sur le versant coté Durance. Le village de Lurs apparaît perché sur la colline.


 
La Via Domitia continuait en direction du nord-est à travers champs et gagnait ensuite l’actuelle D 116 chemin rectiligne longant la Fortune et rejoignait la N96 à partir de Giropey. Après la Grande Terre elle remontait sur la rive droite du Buès sur 300 mètres environ puis avec une courbe accentuée franchissait le Buès sur le pont Antique. Le Buès est un ruisseau de faible débit qui draine un large bassin versant qui conduit à des crues subites et violentes. Il a donc creusé un lit profond qui nécessite la présence d’un pont, placé à un endroit apte à résister aux crues les plus violentes. Après le franchissement du Buès, la voie revenait vers la Durance et rejoignait la RN 96.
  
Nous découvrons le pont romain à travers la végétation de notre chaussée.




Le Pont-Romain fut construit pour donner passage à la Via Domitia , entre Segustero (Sisteron) et Alaunium (chapelle Notre-Dame-des-Anges de Lurs), peu avant le point où elle quittait la vallée de la Durance pour se diriger vers Apta Julia, à un endroit où le torrent du Buès conflue avec la Durance et crée un petit marécage. Ce torrent parfois très violent, coupait régulièrement la voie (Strabon). Le pont a été construit au début du IIème siècle de notre ère, entre le règne de l'empereur Hadrien qui a visité la Gaule avec des ingénieurs, entre 121-122, pour améliorer le réseau routier, et celui d'Antonin le Pieux, qui a continué les travaux sur la voie Domitienne entre 141 et 145 ap. JC. comme le montrent les nombreux milliaires découverts en Provence et en Languedoc. Sa construction nécessita le creusement de voies d’accès amont et aval en corniche.



C'est un pont en arc, comportant une seule arche. L'ouvrage est fondé sur des blocs en grand appareil  utilisant le calcaire de Ganagobie. L'arche est en plein cintre. Elle est appareillée en double rouleau en partie inférieure puis continue en simple rouleau dans la partie centrale, cette partie étant issue d’une restauration. La culée sud est protégée, côté amont, par un mur de 5 m de long, et côté aval, par un mur long de 3,2 m. Les pierres des façades sont taillées en petit appareil régulier, dans du calcaire de Saint-Donat ; le tiers supérieur n’est pas antique, et utilise des pierres grossièrement taillées. À l'origine, le pont comportait un léger dos d'âne, et se prolongeait sur les deux rives avales par des rampes d'accès.



Sur un bloc d'angle en grand appareil de la culée nord, un phallus est gravé. Les deux interprétations de ce signe possibles sont un emblème de force des carriers constructeurs ou un signe apotropaïque destiné à éloigner le mal, et notamment protéger les passants.



Cela m'a rappelé l'histoire de l'instituteur égyptien qui dit à ses élèves en cours d'écriture : - dictée aujourd'hui, prenez vos tablettes d'argile, vos maillets et burins. Je commence: ...il était une fois un pharaon....Les élèves frappent avec leurs maillets et burins et dessinent une tête de pharaon... "qui etait très riche"... les élèves font une corne d'abondance..."qui était très puissant"... ils réalisent un bras avec un biceps hors norme..."qui était très viril" ... les élèves dessinent les contours d'un hiéroglyphe mais au bout d'un moment d'hésitation un des élèves se penche vers son voisin et lui demande discrètement : "Viril" tu l'écris comment ? Avec une ou deux couilles ?

Ceci étant nous ne suivons pas le tracé de la Via Domitia en montant vers le Prieuré de Ganagobie. La salita e ruda ! Comme nous l'avons appris en Italien. Cette dure montée sous la chaleur nécessitera plusieurs pauses et nous coûtera un litre d'eau. Mais tant le Prieuré que le point de vue en valent la peine.




Le monastère a été fondé vers 960-965 par l'évêque Jean II de Sisteron. Celui-ci fit donation des terres sur lesquelles s’établit le prieuré, qui est ensuite rattaché à l’Ordre de Cluny, qui avait alors à sa tête le provençal Mayeul de Cluny. Cette possession fut confirmée par une bulle du 6 mars 1058 du pape Etienne IX. En 1215, le prieur de Ganagobie devenait évêque de Sisteron. Le monastère s'enrichit rapidement de donations diverses,.  Très prospère jusqu'à la fin du XIVème siècle, il s'affaiblit au  XVème siècle. 
 

L'église, construite dans la première moitié du XIIème siècle, répond aux canons de l'architecture romane provençale : la nef est longue de 17,7 m, en trois travées voûtées en berceau brisé.

Le portail est surmonté d’archivoltes en arc festonné brisé qui paraissent d'inspiration mozarabe. Le tympan, cantonné d'un cordon de bâtons brisés, est orné d’un Christ en majesté, dans une mandorle, encadrée du Tétramorphe (symboles des quatre Évangélistes), le tout en bas-relief. Les douze apôtres sont sculptés sur le linteau




L’influence bourguignonne (Cluny étant située en Bourgogne) se fait sentir, notamment dans la position des animaux du Tétramorphe, qui tournent le dos au Christ. .


Dans le portail, les lobes se détachant des voussures sont tout à fait uniques et « extravagants », issus d’une reprise assez maladroite selon Jacques Thirion. Des travaux ultérieurs ont poursuivi cette ligne de lobes dans les piédroits, de façon tout à fait originale également mais en contradiction avec l’esprit des constructeurs du Moyen Âge. Cet ajout ampute les pieds des apôtres. Thirion date cet ajout du XVIIème siècle.


 Dans la nef trône une Vierge de Monticelli, peintre provençal du XXème siècle ; l'artiste en fit don aux religieux en souvenir de son enfance, passée en grande partie dans la ferme voisine du prieuré.


La nef actuelle se croise avec deux transepts, ce qui est assez exceptionnel en Haute-Provence. À l’entrée, la tribune a conservé son escalier et son décor de masques (XVIIème siècle). Les deux transepts sont constitués d’absidioles.


Le point de vue sur la vallée de la Durance 350 mètres plus bas est exceptionnel.

Vers le nord, il est possible de voir Chateau-Arnoux, Peyruis, le confluent de la Bléone avec la Durance, les Mées...


En face, les montagnes du haut-Verdon au-delà du vaste plateau de Valensole.


Vers le sud la Durance descend vers Manosque.

Nous prenons le GR pour rejoindre le village de Ganagobie. C'est une longue descente sur un chemin caillouteux au cœur d'une forêt extrêmement sèche. Puis nous poursuivons la descente par un sentier plus étroit jusqu'à arriver au canal de Manosque dont une des berges est aménagée pour y accéder. Le GR la suit pour un temps en passant sur une partie en aqueduc aérien.

Au lieu de suivre le GR qui grimpe dans la colline nous restons au bord du canal jusqu'à Peyruis
 

 
Dans l’Antiquité, le territoire de Peyruis fait partie de celui des Sogiontiques (Sogiontii), dont le territoire s’étend du sud des Baronnies à la Durance. Les Sogiontiques sont fédérés aux Voconces, et après la conquête romaine, ils sont rattachés avec eux à la province romaine de Narbonnaise. Au IIéme siècle, ils sont détachés des Voconces et forment une civitas distincte, avec pour capitale Segustero (Sisteron). Peyruis se nomme Peiruís en provençal. Son nom viendrait de Petronius Ruit, consul romain, tombé dans une embuscade.
   
 
La via Domitia passait à Pont Bernard soit au niveau de la N96 soit plus à l’ouest au pied des collines et rejoignait Peyruis par la N96. 
 
En arrivant à l'entrée de Peyruis nous descendons du canal pour retrouver la grande route. Par chance, c'est là que nous recherchons notre auberge des Galets avec TomTom. Il faut retourner en arrière sur plus d'un kilomètre....

Résultat au lieu d'être à l'extrémité nord de Peyruis nous sommes au sud. Le parcours de demain vers Susteron sera plus long...
 
 
 
 
 
 
4 logistique
 
 
Hébergement 
 
 
B&B Les Grandes Mollières   Route de Mallefougasse Montfort  04 310 Peyruis   contact@lesgrandesmollieres.com tel 04 92 68 11 41        DP 126 €
 
Auberge Les Galets Quartier pont Bernard - RN 96         Tel. : 04.92.35.27.68  chambre 69€   
 
Camping Les Cigales Chemin de la Digue du Bévon   Tél : 04 92 68 16 04
 
 

jeudi 28 septembre 2017

34 de Cereste à Niozelles étape de 27 km

1 l’étape du jour
 
C'est une longue étape de 27 km malheureusement en partie sur la route de Cereste à Forcalquier. Nous aurons l'occasion de voir un gué romain et une borne qui faute de ne pas être milliaire est néanmoins romaine...
 
 
 
2 le tracé
 
 
 
3 le détail de l'étape
 
Nous partons à huit heures de la Maison d'Emma, un B&B bien aménagé dans 3 maisons de village.
Nous complétons nos courses d'hier par un bon pain au levain à la belle croûte qui nous changera de notre pain carré aux céréales et aux conservateurs. Le marché n'est pas encore installé, du coup nous n'achèterons pas une paire de Banons bien mûrs....


Nous essayons de gagner le rivage de l'Aiguebelle pour tenter d'apercevoir les vestiges du pont romain proches du pont actuel. 

Les fouilles, entreprises à côté du pont actuel, sur l'Aiguebelle ont mis au jour les substructures du pont antique emprunté par la Via Domitia. Non loin de là, une portion pavée a été repérée à quelques mètres de profondeur ainsi que des bases de constructions datant du début de notre ère..
Les fouilles ont été recouvertes en 2010....

Faute de pont je vous montre La Chapelle en contre-jour matutinal...



Ce n'est pas possible alors nous verrons le pont de la Baou qui était romain au départ puis qui est devenu roman sous le volume de critiques et qui est en fait du XVIIIème siècle. Pourtant il est toujours romain sur les cartes et a même été classé comme tel par les Monuments Historiques initialement !


Un descriptif détaille ces différents éléments historiques et pseudo-historiques.


La Via Domitia après avoir franchi l'Aiguebelle, sur le pont romain franchissait probablement l’Encrême sur un gué. En proximité a été trouvée en 1818 une borne milliaire brisée. La voie passait ensuite proche de la gare, Saint-Jean-des-Prés, Saint-Pierre et le Petit Carluc. C'est le chemin que nous suivons au départ.

Surprise, à la gare, nous retrouvons le vélo-route d'hier qui redémarre d'ici vers Forcalquier. Un panneau nous met l'eau à la bouche : pourrions nous aller jusqu'à Tavernoure, c'est à dire éviter la route à forte circulation ? Puisque le tracé continue jusqu'à Nice, cela devrait être bon... 


Nous arrivons sur une magnifique scène champêtre, dommage de ne pas avoir le reflex dans le sac à dos et être passés plus tôt avec la brume matinale.




Plus loin nous faisons une autre rencontre, Un homme, en face, arrive en courant avec une sorte de canne à la main. Il n'est pas tout jeune, nous nous saluons, il s'arrête et la discussion est partie. Comme nous démarrons tout juste et que nous sommes loin d'arriver, la conversation ne durera que vingt bonnes minutes. Jean a 70 ans, il fait 15 kilomètres par jour en courant ou en marchant, il n'a pas de problèmes de santé bien qu'aillant eu une grave opération des années auparavant. C'est un ancien soudeur de Dellattre-Levivier, qui a participé aux montage de toutes les centrales nucléaires de la vallée du Rhône... Bref, le monde est petit et nous quittons en nous souhaitant plein de bonnes années.


Arrivés au petit Carluc, un carrefour mène au prieuré de Carluc situé à 750 mètres de la Via Domitia, connue comme via publica puis camin roumieu (chemin de Rome) au Moyen Âge. Il fut l'une des grandes étapes sur cette route qui menait d'Espagne en Italie via la Provence. Ce lieu de culte reçut la visite de nombre de pèlerins et de voyageurs attirés par la réputation de sainteté attachée à son fondateur.

C'est un lieu de culte sans doute plus que séculaire à l'époque médiévale puisque le prieuré jouxte une petite falaise, creusée de galeries, d'habitats rupestres et de tombes anthropomorphiques, au pied de laquelle, sous un portique à colonnes, sourd encore de l'eau de l'ancienne source sacrée qui alimente un petit ruisseau à truites.

 Le chemin vélo-route s'arrête bien vite, là où j'avais envisagé d'arriver sur la grande route. C'est à partir de là une marche sur une route bordée de deux allées de platanes et des véhicules qui dépassent allègrement le 70 km/h limite, et en plus la route tourne, monte et descend... Plus tard, les platanes ont été coupés et remplacés par des marroniers, laissant un peu plus de place aux rares piétons...




Bien que peu élevé et peu marqué dans la vallée aux pentes douces, le col des Granons a une importance géographique et historique. À l’époque gauloise, il marquait la frontière entre les peuples des Voconces et des Albiques, Strabon écrivant dans sa Géographie : « Le pays des Voconces commence au point de la via Domitia où commence la montée des Alpes », point généralement identifié avec le col des Granons. Il faut dire que le paysage face à nous est bien différent, nous apercevons les pré-Alpes proches et derrière les hauts sommets qui deviennent nets. Sur notre gauche, nous voyons en premier Reillane puis des kilomètres plus loin nous imaginions voir Saint-Michel-L'Observatoire, mais en fait c'est Lincel qui est dans l'alignement.


 
Nous profitons de l'approche du gué du Reculon pour quitter la route et prendre le sentier qui y mène.


C'est une descente sympathique pour nous à l'ombre et sans voiture. Au vu de l'effort physique à faire, seuls les curieux doivent faire le détour. Ce qui nous rend encore le lieu plus intéressant.



Le gué du Reculon est un des rares vestiges romains de ce type, c’est le seul connu entre les Pyrénées et les Alpes. Il est constitué d’une arête formée de 34 blocs de calcaire en grand appareil parfaitement jointés, à l’arrière de laquelle se trouvait la voie caladée  Ce gué pavé faisait 25 m de long et 6 à 7 m de large et permettait la traversée du Largue (ruisseau se jetant dans la Durance). L’ouvrage comporte un mur de soutènement de 3,3 m de haut, en forme de barrage voûte pour résister à la pression. Au vu de l'accumulation de sédiments et des arbres qui ont poussé, il y a longtemps que le ruisseau n'a pas été en crue.



Le gué apparaît comme un mode de franchissement aisé pour une voie comme la Via Domitia dès lors que la chaussée n'est pas emportée tous les ans par une crue.


L'endroit est idéal pour le casse-croûte, personne ne passe par là, les blocs de calcaire font office de bancs et de table et nous savourons nos tomates aux anchois sur tartine de pain au levain, accompagnées de Chateau La Pompe premier cru, suivies d'abricots secs au chocolat... 

Hélas, il faut repartir et remonter sur la route. Le chemin s'appuie sur une restanque de plusieurs mètres qui semble être l'œuvre des romains.

 


Encore trois kilomètres et nous quittons la route de Forcalquier en poursuivan de façon rectiligne notre parcours comme les romains l'avaient fait.

La Via Domitia, rectiligne, passait dans la plaine de Mane par le chemin (lou camin) Seinet ou Seynet.


 La Borne de Tavernoure s'y trouve, elle marque aujourd'hui la limite des 3 communes de Mane, Dauphin et Saint-Michel. Cette borne anépigraphe et de section rectangulaire n’a pas l’apparence d’une borne milliaire classique. Au nord de la voie Domitienne, les fouilles ont mis en évidence des substructures qui pourrait indiquer l’emplacement d’une auberge antique d'autant que le toponyme Tavernoure pourrait dériver de Tabernae
Depuis la borne on peut observer le tracé rectiligne de la voie, caractéristique des routes romaines.
  


La suite de notre parcours s'éloigne de la ligne droite de la Via Domitia  que l'on peut imaginer arriver quasi-directement depuis la vallée face à nous et la mutatio près de la rivière


Nous arrivons à Niozelles par un sentier direct suivi d'une montée courte et nerveuse vers le bourg. Le cimetière nous accueille pour remplir une gourde d'eau fraîche. Nous arrivons devant le bistrot de pays, agora du village. Il est fermé aujourd'hui, pas de chance.

 

Comme beaucoup de villages de Haute-Provence, la commune de Niozelles garde encore des traces du Moyen Age et de la Via Domitia. Ainsi, on peut encore contempler les ruines de l'ancien village et celles d'un donjon du XIIIème siècle environ 1 km plus loin.
  


 
 Faute d’hébergement, nous nous arrétons plus loin dans un gîte avant Notre Dame des Anges où nous passerons demain.  
Depuis "la Magnanerie" la vue est superbe sur la vallée, la ferme des Bons-Enfants et La Chapelle Notre-Dame des anges. 


 On peut facilement imaginer le tracé de la Via Domitia qui arrivait de La Chapelle dont on voit le clocher à droite puis passait en proximité de la ferme des Bons-Enfants et ensuite remontait tout droit le flanc de la vallée pour gagner la plaine de Mane.
La question pour demain : existe-t-il un passage à gué pour traverser facilement depuis les Bons-Enfants ?


Vous le saurez demain en suivant le 35ème épisode Niozelles - Peyruis, qui en plus de cet insoutenable suspense vous fera découvrir le pont romain de Ganagobie et le prieuré éponyme.
 
4 logistique
 
 
Hébergement 
 
La Magnanerie un beau gîte 

 
Hôtel Restaurant Domaine des Sources La Tuillière    tel 04 92 72 83 12 chambre 160 € (site de l’hôtel) Pitch @ Putt 9 trous
 
 
Camping L’Oasis de Provence Route de Forcalquier  tel 04 92 78 63 31   contact@oasisdeprovence.com    2 nuits minimum ???  chambre (gîte) 60€ dîner 19€  ( jusqu’au camping +3,5 km)
 
B&B Le Relais d’Elle Route de la Brillanne tel 04 92 75 06 87  B&B 70€ possibilité dîner 2*26€ relais.d.elle@wanadoo.fr