1 l’étape du jour
C'est une courte étape qui nous mène jusque à Arles où nous comprendrons pourquoi l'anonyme de Bordeaux a fait le détour par Arelate. Ce qui nous laissera le temps de visiter la ville.
2 le tracé
3 le détail de l'étape
Avant de quitter l'hôtel Le Président, il ne faut pas manquer de photographier quelques statues de
Michel Durand qui ne peuvent laisser indifférant par leur originalité.
Nous démarrons par la route parallèle à l'axe routier fort fréquenté que nous évitons en gagnant le canal et en marchant sur la rive nord plein est. Le ciel est nuageux, il fait frais et les moustiques sont peu agressifs.
Après quelques kilomètres nous changeons de rive, rien trop ne change sauf que nous voyons bien moins de lapins. Nous apercevons au loin les Alpilles qui barrent ce paysage si plat.
Ensuite en proximité du Rhône nous obliquons vers Fourques.
Je n'avais rien noté de particulier lors de la préparation sur ce village. Quelle surprise !
Tout d'abord l'accès au village en venant du nord est une réelle surprise puisque la route est doublée. La partie côté Rhône est dévolue aux seuls cyclistes et piétons et des panonceaux, régulièrement espacés, racontent l'histoire des lieux.
Il n'y a aucun doute sur l'intérêt du lieu pour les peuplades anciennes, chaque rive du fleuve étant un lieu naturellement intéressant.
L'anonyme de Bordeaux en 333 a relevé une seule mutatio Ponte Aerarium avant d'arriver à Arelate. Comme son relevé de distances et de lieux d'étapes est précis tout au long de son parcours vers Jérusalem , il n'y a pas de doute sur la distance parcourue sur un parcours plus direct de 20 milles soit 30 kilomètres. La Via Jusiana par Beaucaire était plus longue de quatre milles.
D'autres panneaux font état du Rhône et de ses crues, des digues et du Château. Il a été bâti sur les ruines d'une villa romaine au Moyen-Âge. Il comporte quatre tours à section carrée. Les murs d'enceinte ont perdu leurs créneaux lors de la révolution.
Nous faisons le tour de l'enceinte puis gagnons l'église devant laquelle se trouve un sarcophage double du Ier siècle.
Une belle croix gardianne se dresse tout près.
Nous sommes sur le point de quitter le village, quand en approchant de la digue en construction, nous voyons un groupe d'hommes qui discutent. Un s'approche de nous et nous demande si nous parlons anglais. En fait, il s'agit du maire du village qui voyant notre accoutrement nous avait pris pour des Hollandais. Il veut avoir un retour d'expérience sur son village, le point de vue de gens de passage. Nous lui disons que le village est bien présenté et nous lui faisons découvrir une autre raison de traverser à pied Fourques : marcher sur les traces de l'anonyme de Bordeaux.
Presque tous les membres du groupe partent sauf le maire et deux autres personnes. Le maire dit aux autres : "j'arrive !"
Nous continuerons à discuter près de 45 minutes... Il faut dire que la discussion a été fort riche. Gilles Dumas a abordé avec passion la vie de ses administrés, de son village et des développements qu'il envisage pour le futur avec les touristes à bicyclette et à pied. En effet, la
ViaRhôna va passer sur la nouvelle digue...
Nous découvrons le Rhonomètre. Cette colonne est érigée, juste à côté, à l’angle de la digue et de l’allée du vieux pont: c’est l’endroit où, depuis toujours, les fourquésiens viennent observer la montée des eaux lors des crues du fleuve.
Le premier endiguement général du Delta du Rhône date du XIIème siècle, et jusqu’au XXème siècle, les ouvrages étaient insuffisants pour contenir les crues les plus puissantes.
Le Rhônomètre présente le niveau atteint par les plus grandes crues au cours des siècles.
Sur une face, les niveaux atteints à Fourques, sur une autre les niveaux de ces mêmes crues modélisées dans le cadre de l’étude de calage du plan Rhône, qui repose sur le principe de digues résistantes à la surverse.
Sur la colonne, la croix de Camargue symbolise le terroir, la multitude de poissons représente l’humanité et les entrelacs, les difficultés générées par l'administration.
Le Nilomètre a inspiré le maire. Il permettait de mesurer la hauteur d'eau et de prévoir approximativement la date du début de l'inondation annuelle (début de l'année égyptienne), ainsi que son importance. Du niveau de crue dépendait le taux des impôts. Plus la crue était bonne (ni trop forte, ni trop faible), et plus les impôts étaient élevés en prévision des bonnes récoltes qui devraient en suivre. En galéjant il nous dit : " entre le nilomètre de Ramsès et mon rhonomètre, il ne s'est rien passé!"
Le mur des justes est consacré à la
Famille Baud ce mémorial est placé sur le chemin des écoliers. C'est le souhait du maire que les jeunes générations se souviennent des atrocités des nazis et des actions.courageuses de certains pour sauver des Juifs de la mort.
Nous quittons qu'avec regret le maire de Fourques et vérifions l'exactitude de sa dernière galéjade :
" Paris a un seul Arc de Triomphe mais Fourques en a trois ! "
En traversant le Petit Rhône. Nous quittons le Gard et arrivons dans les Bouches-du-Rhône, les faubourgs d'Arles à Trinquetaille.
Le nom d’
Arles dérive d’
Arelate, mot d’origine celtique signifiant
lieu situé près de l’étang, par référence aux terrains marécageux qui entourent la cité. Durant l'âge du fer (du VIIIéme au IIème siècles
av. J.-C.), Arles constitue l'un des principaux
oppida de la Celtique méditerranéenne. Vers 50 av. J.-C., Jules César appelle encore la cité
Arelate dans ses
Commentaires sur la Guerre civile (I, 36, 4)
.
En récompense de son soutien à Jules César contre Marseille en 49 av. J.-C., Arelate devient une colonie romaine. La fortune initiale de la ville date de cette époque. Bénéficiant pendant plus de cinq siècles d'une situation geopolitique stratégique sur le Rhône, de plans d’urbanisme successifs et du soutien de plusieurs empereurs, elle devient un des premiers foyers chrétiens des Gaules et résidence impériale puis, à la fin du IVème siècle, préfecture du prétoire. Assiégée en 425, 430, 453, 457 et 471, la cité est finalement prise par le roi wisigoth Euric, une première fois en 472 puis de manière définitivent en 476.
L’archevêché d'Arles est une des Églises les plus anciennes et les plus vénérables des Gaules. Seul l’archevêché de Lyon pourrait lui disputer l’honneur de la préséance. La date de la fondation du siège épiscopal d’Arles est inconnue, elle remonte en tout cas au tout début de l’installation de l’Église en France. Selon une tradition, saint Trophime aurait évangélisé la cité d’Arles, en aurait été le premier pasteur vers 220-240. C'est la raison pour laquelle l'anonyme de Bordeaux est venu à Arles en faisant un détour, la réputation d'Arelate etait parvenue jusqu'à Burdigala. De la même manière, les autres détours de l'anonyme s'expliquent par la présence de foyers chretiens bien établis en 333. C'est la raison pour laquelle il est monté jusqu'à Colonia Valentia (Valence) au lieu de suivre la Via Domitia.
Nous avons surtout visité le Musée qui évolue d'année en année puisque le chaland retiré du Rhône que nous avions vu dans l'exposition provisoire en vidéo est maintenant exposé dans toute sa longueur et que les peintures murales découvertes tout récemment à Trinquetaille de l'autre côté du Rhône seront exposées avant 2020.
C'est la deuxième fois que j'y viens et c'est toujours avec le même plaisir. Cependant, à pied cette fois, nous sommes passés par le jardin romain qui est un autre espace de découvertes.
C'est la variante du morpion qui remonte à l'Empire romain, vers le premier siècle avant notre ère. On l'appelait pettie Une fois les cinq pions posés, les deux joueurs, à tour de rôle, déplacent un pion d'une intersection à l'autre sans reculer et d'un seul segment à la fois. Néanmoins, pour échapper à une prise, un pion peut reculer. Pour capturer un pion adverse, il suffit d'occuper par ses pions (et eux seuls) toutes les intersections sur lesquelles il aurait pu aller. Un pion pris est définitivement retiré du jeu. Une prise peut parfois prendre plus d'un pion. Celui qui capture tous les pions adverses a gagné ! La visite du musée est passionnante et je commence par des
cippes celtes trouvés sur l'oppidum de Mouriès qui datent entre le Vème et le IVème avant JC., preuves qu'avant les Romains les Gaulois avaient une civilisation avancée.
Voici Arelate telle que l'anonyme l'a parcouru. Il est arrivé par Trinquetaille sur la rive droite et à gagner la ville par le pont de bateaux. À cette époque la ville était au maximum de sa splendeur.
La représentation des principaux monuments est encore plus explicite.
Voici le buste dit de Cesar qui était l'objet le plus visité avant l'exposition du chaland.
Arles était une des rares villes à posséder un pont de bateaux permanent, prouesse technologique peu commune dans l’Antiquité. D’abord vecteur de la colonisation militaire, il affirmera rapidement un rôle économique essentiel. L’activité du port fluvio-maritime de la colonie est en effet largement attestée par les fouilles menées dans le lit du fleuve. La présence du pont amenait une « rupture de charge » c'est-à-dire que les marchandises devaient être transbordées de navires de mer en barques fluviales ou inversement.
Le pont était situé dans le coude du fleuve, là où le courant est le moins violent. L’ouvrage présentait un assemblage de bateaux de type ponto à proue très relevée. Fermement ancrés dans le lit du fleuve, ils étaient attachés, pour les quatre premiers, à deux bittes d’amarrage maçonnées ; un assemblage de fortes poutres maintenait la cohérence des barques et recevait le tablier. Aux extrémités, deux pont-levis assuraient une liaison souple avec les culées en pierre, afin d’étaler les crues du fleuve et permettre le passage des navires de faible tonnage.
Quel plaisir de voir des bornes milliaires !
J'arrête la série de photos par le chaland retrouvé dans le lit du Rhône qui vaut à lui seul le déplacement.
Navire de commerce destiné à naviguer sur le Rhône, ce chaland antique a été construit en chêne, probablement au Ier siècle. Le chaland mesure 31 mètres de long sur 3 mètres de large.
Le chaland était arrimé dans l’ancien port romain d’Arles, avec une cargaison de 27 tonnes de pierres, quand il a coulé, probablement à cause d’une crue soudaine.
Avec cette opération de récupération et de préservation en tout point exceptionnelle, la barge romaine Arles-Rhône 3 rejoint le club très fermé des bateaux trouvés complets en fouille, sauvés et installés dans un musée. S’il existe d’assez nombreux fonds de carène ou fragments de navire de par le monde, seuls le Vasa de Stockholm (1626), la Mary Rose de Portsmouth (1536), la jonque Nanhai 1 (avant le XIIIème siècle) de Canton, les bateaux vikings d’Oslo (avant 900) et le chaland Arles-Rhône 3 répondent à cette définition, mais c'est le plus ancien et de très loin !
La décision politique de l’opération une fois prise en 2010, avec pour objectif une inauguration en octobre 2013, c’est un pari insensé qui a été tenté, et contre toute attente, réussi : sortir de l’eau 50 tonnes d’un bois fragile comme du verre sans en briser la moindre partie ; restaurer l’ensemble dans des délais défiant toutes les normes ; installer ce chaland, mais aussi 450 objets permettant d’en comprendre le contexte, dans une aile de 800 m2 spécialement construite pour l’occasion. Et tout cela en moins de trois ans alors que des opérations du même type, pour les bateaux cités précédemment, avaient duré plusieurs décennies.
Et tout cela alors que les archéologues n’avaient pas idée des techniques de relevage qu’il leur faudrait employer, alors que les restaurateurs n’avaient jamais traité autant de bois d’un coup, alors que les architectes devaient élaborer leurs plans sans connaitre les dimensions exactes du chaland encore enfoui !
Arles-Rhône 3 est désormais classé « trésor national ».
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En quittant le musée, nous avons observé l'emprise de l'hippodrome qui jouxte le musée. Puis, nous avons fait le choix de voir les cryptoportiques et le forum romain. En fait, on ne voit rien du forum en surface.
Les cryptoportiques forment le soubassement, la partie cachée du forum arlésien proprement dit, on connaît peu de choses.
Quelques éléments seulement (décoration, aménagement), permettent d'en dater le début des travaux, quelques années après la fondation de la colonie. Ces fondations sont destinées à stabiliser la vaste esplanade sur un terrain naturellement en pente. Elles se présentent sous la forme de trois galeries formant un U ouvert vers l’est. La galerie sud est creusée dans le rocher, tandis qu’au nord, le terrain est remblayé de plusieurs mètres, ce qui a permis la conservation de vestiges de la ville préromaine.
Seule la galerie nord, en raison de la pente du terrain, s’ouvrait sur une place, ancêtre de notre actuelle place du Forum. Une quatrième galerie, caractérisée par l’emploi de briques, témoigne probablement d’une restructuration de l'édifice durant l’Antiquité tardive.
Rapporté à la topographie actuelle du quartier en surface, la galerie nord se situe en limite sud de la place du forum, et la galerie sud court sous l’hôtel de ville et le palais des Podestats. L’accueil du public se fait à l’angle sud-est de l’édifice, par le vestibule de l'hôtel de ville.
Les galeries nord et sud des cryptoportiques mesurent 90 mètres ; la galerie ouest, qui les relie, 60 mètres. Leur largeur atteint presque dix mètres.
Mais nous avons vu ou revu avec grand plaisir :
- l’exèdre romaine (cour du Museon Arlaten) hélas en travaux
Demain nous allons à Saint Remy de Provence en rejoignant la via Domitia.
4 logistique
Hébergement
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