Aujourd'hui, Port-la-Nautique est un port de plaisance bien tranquille, situé à 4 km au sud de Narbonne, au nord des étangs de Bages et Sigean. Mais c'était au début de notre ère un lieu où régnait une forte activité.
Dès 1914, La Nautique est considéré comme l'un des principaux débarcadères de Narbonne antique. Le débarcadère de Port - La Nautique est connu depuis longtemps sous le nom de Port des Galères ou de Capelles. La chronologie du site de Port-la-Nautique correspond à la période pendant laquelle le vin de Catalogne remplace les importations de vins d'Italie. Port-la-Nautique est donc un débarcadère en grande partie tourné vers le commerce du vin.
Des entrepôts à dolia, fouillés en 2010, mesurent une centaine de mètres de long sur une trentaine de large, les plaçant parmi les plus importants du monde romain. Le dolium était une jarre d'une contenance allant jusqu'à 1 200 litres (voire 2 500), et qui servait de citerne à vin, à huile ou à céréales.
Les fouilles récentes menées à Port-la-Nautique ont également révélé des fours de potiers adossés aux entrepôts, au plus près du rivage. Ils ont pu produire des matériaux de construction pour l'agglomération portuaire, mais également des amphores pour le reconditionnement des produits et des gobelets à parois fines, peut-être destinés à l'exportation. Ces fours constituent une découverte inédite qui ouvre de nouvelles perspectives : leurs productions étaient-elles liées au conditionnement du vin stocké en vrac dans les dolia ou des fruits de mer préparés en saumure dans les bassins qui sont visibles le long de la route.
À proximité de ces fours, une dépression d'au moins 480 m2 pouvant atteindre 3,50 m de profondeur est comblée par des coquillages : les huîtres étaient particulièrement appréciées à l'époque romaine et faisaient l'objet d'exploitation. L'amas de coquilles ne permet pas de fouiller cet important creusement proche des entrepôts mais ces découvertes attestent la multiplicité des activités au sein de cet espace portuaire et donnent à Port-la-Nautique une nouvelle dimension : outre l'exportation des sigillées sud-gauloises et l'importation des amphores de Tarraconaise, le transport du vin en vrac, la fabrication de céramiques et l'exploitation industrielle des fruits de mer sont mis en évidence. Les activités de production sans doute en partie liées au conditionnement des produits constituent une découverte majeure qui modifie notre vision du système portuaire. Port-la-Nautique peut donc bien être qualifiée d'agglomération portuaire avec des espaces publics, des entrepôts, l'exploitation des ressources littorales et des activités artisanales correspondant à la production céramique.
Les causes de l'abandon de Port-la-Nautique restent encore inconnues. Au départ proche d'une embouchure qui devait se situer au niveau de l'anse de Montfort, les difficultés d'accès dues à l'ensablement corrélées avec une évolution du commerce ont sans doute rendu caduques les installations de la Nautique et pourraient expliciter la désertion de ce lieu.
La zone du Castélou, qui prend le relais, paraît pourtant bien problématique : l'ensablement conséquent exige un entretien régulier. Elle permet cependant d'accéder depuis les lagunes à la voie fluviale en canalisant l'embouchure.
Le vivier Augustéen du Lac de Capelles à Port-la-Nautique est un vivier d'agrément exceptionnel d'époque augustéenne classé monument historique en 2013. Cet ensemble unique en dehors des lieux de villégiature habituel de l'aristocratie romaine en Italie est composé d'un bassin circulaire de 65 m de diamètre au centre duquel émerge un bâtiment quadrangulaire ayant fait office de triclinium estival.
Un bassin rectangulaire à abside cuvelé occupe la partie septentrionale du bâtiment central. Il a été comblé volontairement par la destruction de la superstructure monumentale piégeant les poissons conservés dans le vivier et favorisant une conservation parfaite du matériel archéologique, notamment une vanne à glissière en bois et un casier de conservation des huîtres avant consommation. L'ensemble a été édifié aux alentours de 30 av. J.-C. et détruit vers 10 apr. J.-C. Il permettait une gestion précise de la salinité et de la température de l'eau. La découverte et l'analyse de cette structure apporte des éléments nouveaux pour la compréhension du quartier portuaire d'époque augustéenne à Port-la-Nautique.
Fouillé dans le cadre du projet collectif de recherche sur les ports antiques de Narbonne, le secteur marécageux de Mandirac et du Castélou a livré des données essentielles sur l'embouchure du fleuve Aude. Large d'une cinquantaine de mètres pour une profondeur de 3,50 mètres minimum, le cours d'eau était encadré par deux jetées. D'une emprise de 15 à 25 mètres chacune, elles étaient aménagées grâce à l'apport de matériaux et de milliers de pieux en bois qui renforçaient leurs berges. C'était sur ce système de quais que s'organisaient le déchargement de bateaux à fort tirant d'eau et le transfert des marchandises sur des barques ou des charrettes qui assuraient le lien avec la cité. En effet, tous les navires ne remontaient pas le fleuve jusqu'à la ville et certains produits étaient transvasés sur des embarcations plus légères. Cette manutention nécessitait des lieux de stockage. Un bâtiment de 7,60 m de large pour au moins 18 m de long a été mis en évidence sur un des quais du Castélou, rive droite. Il avait très certainement un rôle d'entrepôt mais aussi une fonction administrative pour le contrôle des marchandises.
À partir du IVème siècle après J-C, de nouveaux travaux ont été nécessaires pour consolider cette embouchure, mise à mal par un fleuve impétueux. La zone de Mandirac est révélatrice des difficultés à maintenir le cours d'eau dans son lit. Les réfections de l'Antiquité tardive y sont monumentales, avec l'apport de très nombreux blocs pour surélever et consolider les quais. Un bateau, large d'environ 3,20 m à l'une de ses extrémités, est volontairement coulé pour reconstruire une digue. Évalué à environ 13 m de long, il transportait des amphores d'Afrique, de Bétique et de Lusitanie, illustrant le rôle de Narbonne dans le commerce entre les différentes provinces de l'Empire.
Sur près de deux kilomètres, ces quais semblent disparaître vers le nord-est. Les prospections géophysiques ne repèrent pas de continuité ce qui laisse supposer que seule l'embouchure a nécessité de grands travaux.
Le site de Saint-Martin, situé sur la commune de Gruissan à une douzaine de kilomètres au sud-est de Narbonne, occupe une position remarquable au cœur des étangs narbonnais. Les recherches conduites depuis 2011 sur cet établissement dans le cadre du PCR "Les ports antiques de Narbonne". Les fouilles ont permis de mettre au jour sur près de 2000 m² un vaste complexe édifié à l'époque augustéenne et occupé jusqu'à la fin de l'Antiquité. Il se caractérise par la présence d'un bâtiment en grand appareil d'assez grande dimension (14 x 7,5 m), associé à une cour centrale de 380 m², équipée sur trois côtés de portiques d'une largeur de 4 m. A l'est, plusieurs petites pièces ouvertes sur la galerie pourraient correspondre à des espaces à vocation commerciale ou administrative, tandis qu'une vaste pièce (91 m²) comporte un niveau souterrain qui évoque un espace de stockage. Une forge et deux installations thermales ont également été reconnues.
Vous avez compris que la ville de Narbonne romaine a été consciencieusement détruite au fil des siècles par le réemploi de ses pierres sans que l'amphithéâtre ne serve de fort et de village comme à Arles et Nîmes Les ports de la ville fort éloignés ont moins souffert et l'urbanisation les a épargnés. Parions que les prochaines années permettront d'autres découvertes exceptionnelles au sud de Narbonne.
Sur la route de Gruissan, nous avons vu des vendangeurs !
Et le vieux village de Gruissan avec son château fort est apparu...
Nous sommes allés sur la plage de Gruissan par fort vent. Comme nous ne sommes pas scandinaves, nous avons abandonné l'idée de nous baigner.
Alors le retour anticipé vers Narbonne, nous conduit à découvrir les autres sites romains.
Nous commençons par l'horreum. C'est un ensemble d'entrepôts sous-terrains gallo-romains de marchandises conservé dans sa quasi intégralité, implanté au cœur de la ville antique, à une centaine de mètres au sud de l’ensemble du forum et du temple capitolin. Sa construction date du Ier siècle avant J.C., et correspond à une époque où Narbonne était considérée comme "un observatoire et rempart du peuple romain" selon Cicéron. C'est le seul monument romain en bon état de la ville.
Les romains utilisaient les amphores pour transporter les liquides et grains. L'osier était également très courant pour transporter les fruits et légumes. Ils faisaient aussi des sacs en végétaux tressés pour le vrac.
Nous gagnons ensuite la cathédrale pour découvrir son trésor. La salle est exceptionnelle. Le dôme conduit à une acoustique particulière qui fait que deux personnes qui chuchotent dans la diagonale s'entendent parfaitement.
Nous quittons la cathédrale par son cloître qui est en travaux.
Les gargouilles, de grande taille, voient rarement passer de l'eau.
C'est ensuite le Musée Archéologique qui est notre cible. Il est implanté dans le Palais de l'archevêché. Les salles sont bien organisées par thèmes..
La vaisselle sigillée (estampillée sigillata) sud-gauloise était fort répandue aux Ier et IIème siècles. La production était localisée au sud du Massif Central à Montans dans la vallée du Tarn et à Millau la Graufesenque autrement dit Condatomagus, le marché du confluent en Gaulois...
À la suite de l'occupation romaine, le site de Montans est devenu au début de notre ère l'un des plus importants centres de production de poteries sigillées du monde gallo-romain. Ces poteries étaient exportées en grande partie par voie fluviale en descendant le Tarn puis la Garonne. On trouve de nombreuses poteries de Montans dans tout l'Ouest de la France, jusqu'en Espagne, en Bretagne, ainsi qu'en Grande-Bretagne.
Dans le très grand four de potier, les artisans de La Graufesenque pouvaient cuire jusqu'à 40 000 vases de céramique sigillée, à 1 050 °C pendant 3 à 4 jours. C'est le plus gros centre de céramique de l'antiquité, La Graufesenque expédiait sa production dans tout l'Empire Romain.
L'ancre en bois et plomb a été découverte au Port-La Nautique c'est une des très rares ancres conservées en cet état au monde.
Il faut aller jusqu'au bout de l'exposition pour découvrir la merveilleuse mosaïque retrouvée dans les fouilles du « Clos de la Lombarde » avec des sarcophages.
Dans l’Antiquité romaine les espaces funéraires (nécropoles) étaient à la périphérie des villes le long des grandes voies de communication. C’était le cas à Narbo où de nombreuses tombes et stèles ont été retrouvées dans les parties Nord/Est et Sud/Ouest de la ville, le long de la voie Domitienne et de la voie vers l’Aquitaine.
Hier, nous avions trouvé porte close à la la basilique Saint-Paul en arrivant trop tard. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. En tant que plus vieil édifice religieux de la ville, il reste au sous-sol des traces très anciennes. Notre anonyme s'y est arrêté très certainement.
Nous avons cherché le bénitier à la grenouille, c'est facile de le trouver quand on sait que la grenouille est dedans, taillée dans la masse, au centre du bénitier, cette "granouïo de Narbouno" a donné naissance à plusieurs légendes. Le bénitier avec la grenouille providentielle rappellent donc la miraculeuse nacelle qui permit à Saint Paul d'atteindre Narbonne qu'il allait évangéliser. C'est la grenouille qui sauva Saint Paul du naufrage et lui permit d'arriver à Narbonne, c'est ce que nous raconte la légende conservée dans les archives de la basilique. Paul-Serge, fut le premier évêque de Narbonne. Il décida d'aller un jour prêcher au bord de l'étang de Bages. Les pêcheurs au lieu de l'écouter se moquèrent de lui et voulurent même le jeter à l'eau. Un jeune homme s'approcha du saint homme et lui montrant un bloc de marbre et lui dit "prouve-nous qui tu es , fabrique-toi un bateau et sauve-toi avec." L'évêque sans hésiter tailla une barque qui devint si légère qu'elle se mit à flotter dès qu'elle toucha l'eau. Le saint embarqua mais comme il ne savait pas naviguer il restait sur place sans oser gagner le large. Les pêcheurs ricanaient sur la berge, quand une grenouille sauta dans la barque. "Voilà ton timonier!" coassa-t-elle en saisissant le gouvernail et elle conduisit Paul Serge de l'autre côté de l'étang où elle accosta dans l'anse baptisée depuis lors "Anse de Saint-Paul"
C’est dans cette même nécropole, située le long de la voie domitienne, que le premier évêque de Narbonne, saint Paul, mort au cours du IIIème siècle, aurait été inhumé. Des Chrétiens, faisant preuve d’une grande dévotion, souhaitèrent être enterrés auprès de son tombeau, ce qui explique le nombre considérable de sarcophages retrouvés au cours des campagnes de fouilles.
Ces dernières furent conduites sur la petite place Dupleix, sise au flanc Nord de l’église, où furent découvertes les fondations de l’abside d’une cella memoriae, salle d’exposition de sarcophages antérieure à l’introduction du Christianisme. Les vestiges d’un pavement de mosaïque s’y trouvaient encore.
Cet emplacement fut utilisé au IVème siècle pour y installer six sarcophages alignés côte à côte et distants les uns des autres de quelques centimètres : cinq de ces sarcophages sont en marbre de Saint-Pons, le sixième est un sarcophage commun de pierre acrotère.
Nous finissons par le Musée Lapidaire qui a récupéré les plus belles pierres romaines qui donnent une idée de la splendeur de Narbonne. C’est à partir des années 1870 que les fortications de Narbonne, datant du XVIe siècle furent détruites afin d’agrandir la ville. Parmi les pierres constituant ces remparts, de nombreux blocs antiques furent déposés dans l’église désaffectée de Notre-Dame de Lamourguier.
L’église, primitivement dédiée à Sainte-Marie et consacrée au XVIIe s. aux Mauristes, date pour l’essentiel de la fin du XIIIe s. et constitue un bel exemple de style gothique méridional.
La collection rassemble près de 2000 pièces d’époque romaine, provenant surtout des anciens monuments funéraires antiques de la ville.
Le problème c'est qu'elles sont placées les unes sur les autres sans ordre ou thématique ni explication. Un nombre peint en noir permet de les distinguer.
Notre premier objectif est de trouver la borne milliaire de Saint-Couat. Elle est moins lisible que le fac-simulé. Mais la lecture fine conduit à 14 fois imperator et non pas 13 (la photo du fac-simulé relue confirme 14 au lieu de 13). Il y a bien un problème sur l'inscription d'Auguste.
Une autre borne milliaire cylindrique, mentionne la trente-sixième puissance tribunicienne de l’empereur Auguste. Ce gros fragment supérieur, provient du village de Peyriac-de-Mer, situé 13 km au sud de Narbonne. Il serait donc à mettre en relation avec la voie domitienne toute proche. La partie inférieure manque mais la distance pourrait être VIIII milles au vu des quelques marques en partie basse ce qui est compatible avec un emplacement proche de son lieu de découverte.
Le cliché de Narbonne depuis la place des barques.
Demain, une étape longue nous conduira à Béziers dont une bonne partie sur la Via Domitia, elle nous fera rencontrer de nouveau le canal du Midi et son seul tunnel, un oppidum, un terrain agricole extraordinaire avant que d'arriver à Beziers.
Bon Anniversaire Christine,on suit votre périple,tres interessant...Jean Claude Martine
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