vendredi 29 septembre 2017

35 de Niozelles à Peyruis 20 km

1 l’étape du jour
 
C'est le retour dans la vallée de la Durance que nous n'allons plus quitter (ou presque) jusqu'à Briançon. Comme la N96 se confond pour une bonne partie avec la Via Domitia nous choisissons de grimper au prieurés de Ganagobie avant de finir à Peyruis.
 
 
2 le tracé
 
 
 
3 le détail de l'étape
 
 Depuis la terrasse de notre gîte, ce matin, Christine a pris cette photo à l'aube. On voit bien par où passait la Via Domitia !
  


Nous prenons la route la plus directe vers le gué qui garantit le passage sur le Lauzon, puis d'atteindre la Chapelle de Notre-Dame-des-Anges. Il nous faut descendre vers la rivière, le ramassage des courges pour faire une teinture-mère de cucurbita pepo est déjà commencée comme le vol d'une montgolfière profitant du calme du matin. (Si, le petit point noir est bien une montgolfière !)



Nous franchissons une clôture électrique pour poursuivre. C'est un immense champ où nous trouvons trois chevaux affectueux qui viennent à notre rencontre. Puis un quatrième qui arrive au galop. Bref, Christine accélère, je tente de suivre au mieux et les chevaux nous accompagnent. Le plus affectueux essaye même de me voler une pomme dans mon sac à dos. Finalement, nous passons la deuxième clôture qui signifie la fin du champ. Un court passage sur une route et nous voilà arrivés à la chapelle Notre Dame des Anges

Une mutatio était établi sur le site actuel de la chapelle et du château de Notre-Dame-des-Anges. L'abondance des preuves toponymiques, épigraphiques et archéologiques permet de savoir avec certitude que le site antique d'Alaunium se situait à cet endroit, même sans fouilles approfondies.
 
Près du Lauzon, la chapelle fut construite sur cet ancien site gallo-romain. Celui-ci fut dans l'Antiquité une étape importante sur la Via Domitia. Ce gîte d'étape comportait auberge, écuries, thermes, relais de poste et temple. Un culte était rendu à une divinité nommée Alaunius, qui pourrait être Mercure. Des vestiges archéologiques en témoignent, comme une pierre gravée découverte au XVIIIème siècle à l'ouest de la chapelle et enchâssée dans le mur nord. Elle porte une inscription fragmentaire qui exprime une dédicace.

J'ai obtenu ces informations et en particulier la traduction grâce au pupitre mis à la disposition des touristes.
 


 
        Le texte semble pouvoir être reconstitué comme suit : "Us Tacitus, (deo) Alaunio, (de) s(uo) p(osuit) ou (de) s(ua) p(ecunia) v(otum) solvit l(ibens) (merito)", ce qui se traduit par : "Tacitus s'est acquitté de bon gré, à juste titre et à ses frais (ou par lui-même) de son voeu à Alaunius". Il pourrait s'agir de l'empereur Tacite qui aurait fait construire en ces lieux un temple et un arc de triomphe. L'inscription proviendrait du frontispice dudit temple.




        Alaunium fut détruite par les barbares au Vème siècle. Le site fut dès lors abandonné par ses habitants, qui fondèrent Lurs sur la colline. Aujourd'hui, les niveaux archéologiques des vestiges d'Alaunium ne sont plus visibles, enfouis sans doute au niveau de la première chapelle d'époque romane (XIIème siècle). Celle-ci a conservé le nom d'Aulun, dans son appellation ancienne de Sainte-Marie-d'Aulun. La chapelle devint un lieu de pélerinage après la grande peste du XIVème siècle.
 
 

Le domaine de Notre-Dame-d’Olon (Alaunium) appartenait à l’évêque de Sisteron, qui l’échange au milieu du XIIème siècle avec les Templiers contre La Brillanne. La chapelle actuelle est construite entre 1662 et 1674 comme chapelle du couvent des récollets. Au XVIIIème siècle, elle est augmentée de six chapelles latérales voûtées d’ogives de type archaïque pour cette époque, puis subit d’importantes réparations au début des années 1750. Cependant, cette chapelle est construite sur une plus ancienne, qui pourrait remonter au XIème siècle. 



Nous reprenons le cours de notre périple sur une petite route qui s'élève. De ce point de vue, il est facile d'imaginer par où passait la voie domitienne. Au loin, les dômes de Saint-Michel-l'Observatoire sont encore visibles.



Le chemin bascule sur le versant coté Durance. Le village de Lurs apparaît perché sur la colline.


 
La Via Domitia continuait en direction du nord-est à travers champs et gagnait ensuite l’actuelle D 116 chemin rectiligne longant la Fortune et rejoignait la N96 à partir de Giropey. Après la Grande Terre elle remontait sur la rive droite du Buès sur 300 mètres environ puis avec une courbe accentuée franchissait le Buès sur le pont Antique. Le Buès est un ruisseau de faible débit qui draine un large bassin versant qui conduit à des crues subites et violentes. Il a donc creusé un lit profond qui nécessite la présence d’un pont, placé à un endroit apte à résister aux crues les plus violentes. Après le franchissement du Buès, la voie revenait vers la Durance et rejoignait la RN 96.
  
Nous découvrons le pont romain à travers la végétation de notre chaussée.




Le Pont-Romain fut construit pour donner passage à la Via Domitia , entre Segustero (Sisteron) et Alaunium (chapelle Notre-Dame-des-Anges de Lurs), peu avant le point où elle quittait la vallée de la Durance pour se diriger vers Apta Julia, à un endroit où le torrent du Buès conflue avec la Durance et crée un petit marécage. Ce torrent parfois très violent, coupait régulièrement la voie (Strabon). Le pont a été construit au début du IIème siècle de notre ère, entre le règne de l'empereur Hadrien qui a visité la Gaule avec des ingénieurs, entre 121-122, pour améliorer le réseau routier, et celui d'Antonin le Pieux, qui a continué les travaux sur la voie Domitienne entre 141 et 145 ap. JC. comme le montrent les nombreux milliaires découverts en Provence et en Languedoc. Sa construction nécessita le creusement de voies d’accès amont et aval en corniche.



C'est un pont en arc, comportant une seule arche. L'ouvrage est fondé sur des blocs en grand appareil  utilisant le calcaire de Ganagobie. L'arche est en plein cintre. Elle est appareillée en double rouleau en partie inférieure puis continue en simple rouleau dans la partie centrale, cette partie étant issue d’une restauration. La culée sud est protégée, côté amont, par un mur de 5 m de long, et côté aval, par un mur long de 3,2 m. Les pierres des façades sont taillées en petit appareil régulier, dans du calcaire de Saint-Donat ; le tiers supérieur n’est pas antique, et utilise des pierres grossièrement taillées. À l'origine, le pont comportait un léger dos d'âne, et se prolongeait sur les deux rives avales par des rampes d'accès.



Sur un bloc d'angle en grand appareil de la culée nord, un phallus est gravé. Les deux interprétations de ce signe possibles sont un emblème de force des carriers constructeurs ou un signe apotropaïque destiné à éloigner le mal, et notamment protéger les passants.



Cela m'a rappelé l'histoire de l'instituteur égyptien qui dit à ses élèves en cours d'écriture : - dictée aujourd'hui, prenez vos tablettes d'argile, vos maillets et burins. Je commence: ...il était une fois un pharaon....Les élèves frappent avec leurs maillets et burins et dessinent une tête de pharaon... "qui etait très riche"... les élèves font une corne d'abondance..."qui était très puissant"... ils réalisent un bras avec un biceps hors norme..."qui était très viril" ... les élèves dessinent les contours d'un hiéroglyphe mais au bout d'un moment d'hésitation un des élèves se penche vers son voisin et lui demande discrètement : "Viril" tu l'écris comment ? Avec une ou deux couilles ?

Ceci étant nous ne suivons pas le tracé de la Via Domitia en montant vers le Prieuré de Ganagobie. La salita e ruda ! Comme nous l'avons appris en Italien. Cette dure montée sous la chaleur nécessitera plusieurs pauses et nous coûtera un litre d'eau. Mais tant le Prieuré que le point de vue en valent la peine.




Le monastère a été fondé vers 960-965 par l'évêque Jean II de Sisteron. Celui-ci fit donation des terres sur lesquelles s’établit le prieuré, qui est ensuite rattaché à l’Ordre de Cluny, qui avait alors à sa tête le provençal Mayeul de Cluny. Cette possession fut confirmée par une bulle du 6 mars 1058 du pape Etienne IX. En 1215, le prieur de Ganagobie devenait évêque de Sisteron. Le monastère s'enrichit rapidement de donations diverses,.  Très prospère jusqu'à la fin du XIVème siècle, il s'affaiblit au  XVème siècle. 
 

L'église, construite dans la première moitié du XIIème siècle, répond aux canons de l'architecture romane provençale : la nef est longue de 17,7 m, en trois travées voûtées en berceau brisé.

Le portail est surmonté d’archivoltes en arc festonné brisé qui paraissent d'inspiration mozarabe. Le tympan, cantonné d'un cordon de bâtons brisés, est orné d’un Christ en majesté, dans une mandorle, encadrée du Tétramorphe (symboles des quatre Évangélistes), le tout en bas-relief. Les douze apôtres sont sculptés sur le linteau




L’influence bourguignonne (Cluny étant située en Bourgogne) se fait sentir, notamment dans la position des animaux du Tétramorphe, qui tournent le dos au Christ. .


Dans le portail, les lobes se détachant des voussures sont tout à fait uniques et « extravagants », issus d’une reprise assez maladroite selon Jacques Thirion. Des travaux ultérieurs ont poursuivi cette ligne de lobes dans les piédroits, de façon tout à fait originale également mais en contradiction avec l’esprit des constructeurs du Moyen Âge. Cet ajout ampute les pieds des apôtres. Thirion date cet ajout du XVIIème siècle.


 Dans la nef trône une Vierge de Monticelli, peintre provençal du XXème siècle ; l'artiste en fit don aux religieux en souvenir de son enfance, passée en grande partie dans la ferme voisine du prieuré.


La nef actuelle se croise avec deux transepts, ce qui est assez exceptionnel en Haute-Provence. À l’entrée, la tribune a conservé son escalier et son décor de masques (XVIIème siècle). Les deux transepts sont constitués d’absidioles.


Le point de vue sur la vallée de la Durance 350 mètres plus bas est exceptionnel.

Vers le nord, il est possible de voir Chateau-Arnoux, Peyruis, le confluent de la Bléone avec la Durance, les Mées...


En face, les montagnes du haut-Verdon au-delà du vaste plateau de Valensole.


Vers le sud la Durance descend vers Manosque.

Nous prenons le GR pour rejoindre le village de Ganagobie. C'est une longue descente sur un chemin caillouteux au cœur d'une forêt extrêmement sèche. Puis nous poursuivons la descente par un sentier plus étroit jusqu'à arriver au canal de Manosque dont une des berges est aménagée pour y accéder. Le GR la suit pour un temps en passant sur une partie en aqueduc aérien.

Au lieu de suivre le GR qui grimpe dans la colline nous restons au bord du canal jusqu'à Peyruis
 

 
Dans l’Antiquité, le territoire de Peyruis fait partie de celui des Sogiontiques (Sogiontii), dont le territoire s’étend du sud des Baronnies à la Durance. Les Sogiontiques sont fédérés aux Voconces, et après la conquête romaine, ils sont rattachés avec eux à la province romaine de Narbonnaise. Au IIéme siècle, ils sont détachés des Voconces et forment une civitas distincte, avec pour capitale Segustero (Sisteron). Peyruis se nomme Peiruís en provençal. Son nom viendrait de Petronius Ruit, consul romain, tombé dans une embuscade.
   
 
La via Domitia passait à Pont Bernard soit au niveau de la N96 soit plus à l’ouest au pied des collines et rejoignait Peyruis par la N96. 
 
En arrivant à l'entrée de Peyruis nous descendons du canal pour retrouver la grande route. Par chance, c'est là que nous recherchons notre auberge des Galets avec TomTom. Il faut retourner en arrière sur plus d'un kilomètre....

Résultat au lieu d'être à l'extrémité nord de Peyruis nous sommes au sud. Le parcours de demain vers Susteron sera plus long...
 
 
 
 
 
 
4 logistique
 
 
Hébergement 
 
 
B&B Les Grandes Mollières   Route de Mallefougasse Montfort  04 310 Peyruis   contact@lesgrandesmollieres.com tel 04 92 68 11 41        DP 126 €
 
Auberge Les Galets Quartier pont Bernard - RN 96         Tel. : 04.92.35.27.68  chambre 69€   
 
Camping Les Cigales Chemin de la Digue du Bévon   Tél : 04 92 68 16 04
 
 

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