vendredi 15 septembre 2017

21 de Narbonne à Béziers 30 km

1 l’étape du jour
 La voie domitienne de Narbonne jusqu'à la rivière Aude était rectiligne, sa trace a été bouleversée par l'expansion de la ville de Narbonne mais aussi par le cours de l'Aude (appelée Atax par les romains, qui signifie "déréglé, désordonné"). L'Aude passait dans Narbonne il y a deux millénaires et n'était pas un obstacle à franchir pour la Via Domitienne en allant vers Béziers. 
Aujourd'hui, il faut passer par Coursan pour trouver un pont avant de revenir sur la voie Domitienne sur la rive gauche de l'Aude le long du canal de la Noër pour ne plus la quitter jusqu'à Béziers ?
 
 
2 le tracé
 
 
 
3 le détail de l'étape

 Ce matin, il fait frais et quelques gouttes de pluie nous accompagne. 
Nous arrivons à Coursan, un village qui n'existait pas au Haut Moyen Âge.
 

Le nom de Coursan viendrait de Curciano, lui-même découlant de "curcianum" ("court" en latin) et qui renvoie au fait que le cours d'eau aujourd'hui appelé Aude pouvait être traversé aisément à gué ou à l'aide d'une barque. Par ailleurs, la voie de communication qui traversait ce qui deviendra  Coursan à l'époque romaine était appelée Via Curcia, reliant Narbonne et Béziers, comme alternative plus courte à la Via Domitia.





Nous traversons la rivière et restons en proximité.


 Nous continuons d'un pas alerte jusqu'à tomber sur une anomalie qui ressemble à un investissement loufoque comme savent si bien faire nos élus : un pont avec au-dessous un canal vide... Mais après réflexion il doit s'agir d'un canal de décharge de l'Aude avec un seuil de crue qui protège Coursan.


Nous trouvons notre Via Domitia, elle est rectiligne, c'est bien elle !


C'est dommage d'avoir fait ce détour par Coursan alors que l'ancien tracé se conçoit bien allant directement jusqu'à Narbonne dans la continuité.


Nous progressons à bon rythme mais le chemin devient plus étroit puis sentier puis sentier envahi par des roseaux jusqu'à nous faire douter et revenir en arrière pour faire un énorme détour. Il ne restait que 200 mètres pour aboutir sur le chemin dégagé et bien visible au loin. Nous faisons un détour considérable pour réussir à passer au-dessus d'un canal et atteindre un petit village : Périès.

Le tumulus d'Enserune et la colline de Malpas demeurent toujours aussi lointains.


Notre parcours en proximité de voie ferrée occasionné des allers et retours de part et d'autre. Enfin nous voilà au pied de la colline de Malpas que nous avallons comme un col de 1ere catégorie. Il nous faut redescendre pour voir l'entrée du Tunnel de Malpas



Le tunnel du Malpas a été percé pendant l'hiver 1679-1680, sur une longueur de 170 mètres pour faire passer le canal du Midi dans les grès sableux de la colline d'Ensérune. Il s'agit du dernier grand chantier mené par Pierre Paul Riquet. Ce dernier mourra quelques mois plus tard  le 1er octobre 1680.
Pierre Paul Riquet ne voulait pas que le canal traverse l'Aude à juste titre, connaissant le régime impétueux de la rivière et ses crues désastreuses de plus cela aurait entraîné de trop nombreuses difficultés de navigation. La solution choisie consistait à réaliser un très long bief de 54 km sans écluse et le percement d'un tunnel sous la montagne d'Ensérune mais avec un risque permanent d'effondrement,  et la construction d'un escalier d'écluses à l'arrivée de Béziers.

Nous descendons sur l'autre berge par l'escalier et nous pénétrons dans le tunnel au moment où une péniche touristique l'emprunte.

Nous faisons de même sur l'étroit trottoir et débouchons de l'autre côté. Il nous reste à remonter et comme Christine est pleine d'énergie nous grimpons jusqu'à l'oppidum d'Enserune.

La colline d'Ensérune domine d'une centaine de mètres les plaines alentour et offre ainsi une excellente vue panoramique sur une partie des régions de Béziers et de Narbonne, jusqu'aux Pyrénées. Entre autres, il permet d'appréhender en un seul regard l'étang de Montady, situé au nord, juste au pied d'Ensérune. Depuis la fin du XVIIème siècle, le canal du Midi passe au sud de la colline en provenance du tunnel de Malpas au sud-est

D'après les trouvailles archéologiques, le site est occupé en permanence du VIème siècle av. J.-C. au Ier siècle apr. J.-C., avec un véritable développement urbain à partir de la fin du Vème siècle. De -500 à -300, de nombreux échanges commerciaux commencent. Il s'agit de la période hellénistique du site. Puis arrivent les Gaulois entre -300 et -250. L'oppidum est détruit à la fin du IIIème siècle av. J.-C., pour retrouver une certaine prospérité avec la fondation de Narbonne par les Romains en -118 et enfin s'éteindre vers le Ier siècle de notre ère.

Durant l'âge du fer ( du VIIIème au IIème siècle av. J.-C.), Ensérune constitue l'un des principaux oppida de la Celtique méditerranéenne.

Le site d'Ensérune est réputé pour posséder une quantité importante de modules de stockage que sont les silos, creusés dans la roche du sous-sol. En effet, on compte pas moins de 300 fosses sur la colline et ses environs. Ces structures présentent une capacité pouvant aller de 10 000 à 85 000 litres, avec une forme généralement ovoïde. Du stockage de céréales initialement envisagé, les chercheurs penchent aujourd'hui pour des citernes d'eau.




Ainsi, dans le courant du VIème siècle avant notre ère, quand commencent à se développer les centres urbains de Béziers et d’Ensérune, un chemin – dont l’orientation a pu être mesurée à 27 degrés ouest – semble bien avoir parcouru ce secteur où parvenaient précocement les céramiques méditerranéennes, corinthiennes et attiques particulièrement. Chemin que l’on peut sans doute identifier à un tronçon de la mythique voie héracléenne.


Les fouilles ont mis en évidence une nécropole, une zone dédiée à l'artisanat et des habitations.



Quand nous sormmes arrivés, c'était juste pendant la plage méridienne de fermeture. Du coup, j'ai rajouté la photo ci-avant pour montrer ce qu'il est possible de voir au-delà du grillage. Nous profitons d'une table avec bancs pour profiter d'un point de vue unique... celui de L'étang de Montady


L'ancien étang de Montady était un marais d'eaux stagnantes rendant la région particulièrement insalubre et les habitants eurent l'idée de le vider en créant une galerie depuis son fond passant sous la colline d'Enserune pour se vider de l'autre côté dans la plaine. De quand datent ces travaux risqués dans cette roche qui a tant posé de questions à Pierre Paul Riquet ? Les Romains, dont certaines constructions sont toujours présentes ? Le roi soleil, aux travaux insensés conjugué à l'expérience du canal du Midi ? En fait, c'est au moyen-âge que son assainissement  (XIIIème siècle) a été réalisé , les aménagements de cette époque fonctionnent encore très bien car leur entretien n'a jamais cessé.



Dès 1270, était mis en place un réseau de fossés radiaux, permettant le drainage des eaux de la périphérie vers le centre : le point le plus bas de l'ancien étang. De là, un fossé creusé à contre pente, prolongé par une galerie (1300 m de long) creusée sous la terminaison de la colline de l'oppidum d'Ensérune, conduit les eaux jusqu'à un ruisseau maintenant appelé « ruisseau de Montady » qui se dirige vers l'Ouest. Cet aménagement est une prouesse des ouvriers et maîtres d'œuvre du Moyen-Âge. Cette galerie a été creusée dans la formation dite « molasse marine miocène ». Il s'agit d'alternances calcaro-marno-sablo-gréseuses, certes pas trop difficile à excaver, mais dont la résistance aux éboulements est loin d'être parfaite. Malgré cela, cette galerie existe et fonctionne encore.

Ainsi drainé, l'ancien étang fut divisé en parcelles triangulaires appelées « pointes », et mis en culture. 

Depuis le XVIIème siècle, les cultures peuvent être irriguées grâce à l'eau du Canal du Midi qui se trouve quelques mètres en surplomb au-dessus du fond de l'ancien étang. Les cultures sont maintenant reliées à tout le système d'irrigation du Languedoc. Les vignes qui y poussent peuvent même être complètement inondées l'hiver, ce qui est un excellent moyen de lutte contre le phylloxera. L'excès d'eau est toujours évacué par la tranchée et la galerie du Moyen-Âge.

La vue de ces champs par satellite est encore plus surprenante...

Il nous faut repartir et retrouver la Via Domitia jusqu'à Béziers. Nous trouvons le long de la chaussée des gros blocs qui peuvent être des vestiges romains.


Puis c'est le village de Colombiers avec l'église wisigothique dédiée à Saint Sylvestre et Sainte Colombe, église  du Vème -VIIIème siècle, remaniée aux XIIème et XIXème siècles, elle comporte  un autel wisigothique. Mais nous sommes intéressés par la borne milliaire récente qui célèbre la Via Domitia. C'est un exemple à suivre, il ne reste pas beaucoup d'efforts pour créer l'objet touristique "Via Domitia" entre Béziers et Narbonne.

Il existe aussi un port fluvial sur le canal du Midi qui est fort actif car outre les nombreux petits bateaux il y a les péniches spécialement aménagées pour amener les groupes de touristes voir le tunnel de Malpas où aller à Béziers. Nous voyons un modeste emplacement réservé pour notre petit-fils  


Nous faisons la course avec une péniche sur plusieurs kilomètres. Les touristes sont surpris de nous revoir à leur hauteur, il faut dire que le canal du Midi tourne beaucoup à cet endroit.

Un aménageur débile a exprimé toute son intelligence pour réaliser ce chef-d'œuvre ! La D64 est la rocade de Béziers dotée d'une circulation fort dense. Un accident grave a pu se produire à cet endroit avec un véhicule qui tournait ou mieux  aurait pu se produire (c'est la prévention!). Alors la solution intelligente c'est de mettre un mur au milieu! Du coup le cycliste où le piéton va devoir soir aller droit et escalader le mur (solution folle) ou bien aller jusqu'au bout du mur traverser et revenir. Les cons ça ose tout, c'est d'ailleurs à ça qu'on les reconnaît! Cet aménageur n'a même pas eu l'idée que sa solution augmentait la vitesse des véhicules d'une part et conduisait à des risques majorés pour piétons et cyclistes.
Bref, nous avons grogné et attendu au moins cinq minutes la trouée magique entre les deux files de voitures.


Du coup on a fait d'autres photos vu d'un œil de piéton. Béziers et son maire peuvent travailler le sujet il y a de quoi faire. C'est la ville entière qui a été conçue du point de vue de la voiture sans jamais considérer les piétons....
Miracle : une piste cyclable qui s'arrête 100 mètres plus loin et il n'y a plus de trottoirs.


Le passage où il faut serrer les miches....

La traversée hors des clous mais avec une vue sur la cathédrale..






 De multiples fouilles archéologiques entreprises depuis les années 1980 ont révélé que Béziers fut construite par les Grecs au VIème siècle av. J.-C.. Certains archéologues considèrent qu'il pourrait s'agir de la plus vieille ville de France, devant Marseille.

Après la refondation de Narbonne et la fondation de la colonie romaine d'Arles par Jules César en 45 av. J.-C., Octave durant le triumvirat, fonda en 36 av. J.-C. en territoire volque la Colonia Urbs Julia Septimanorum Baeterra, colonie de droit romain où s'installent des colons romains, vétérans de la Septième légion de Jules César. Située à quelques kilomètres de la mer Méditerranée sur le fleuve Orb, traversée par la Via Domitia qui relie l'Italie à l'Espagne, Baeterrae, nom antique de Béziers, prospère jusqu'au iiie siècle où l'insécurité ambiante amène la cité à construire des murailles.

Le Pont vieux est un ouvrage d'art situé à Béziers, dans le département de l'Hérault. Caractéristique de l'architecture romane (xiie siècle), il permet le franchissement de l'Orb. Il est resté pendant très longtemps le seul point de passage de l'Orb sur le chemin de la Provence à Toulouse. Il a subi des remaniements à différentes époques : xive siècle, xve siècle, xvie siècle. Dans des lettres patentes aux Consuls de Béziers, Charles VII et Louis XI parlaient d'un pont "de grande ancienneté, somptueux et de grand édifice".


 
Les arènes de Béziers sont un amphithéâtre de la colonie romaine Colonia Julia Baeterrae Septimanorum construit vers 80 apr. J.-C. au sud de la ville romaine de Baeterrae en Gaule narbonnaise , près du théâtre antique, sur la colline Saint-Jacques. Il ne reste que peu de vestiges, l'édifice ayant servi au Moyen Âge de carrière (notamment pour l’église Saint-Jacques) et d'espace à bâtir. Il a bénéficié d'une vaste campagne de fouilles et de réhabilitation au cours de la dernière décennie, campagne qui a permis de mettre au jour de nombreux vestiges qui sont désormais accessibles au public (gradins, vomitoires, ambulatoires, colonnes...).

Les axes principaux ont été trouvés:
 Le cardo maximus orienté 240 Nord-Ouest, est naturellement implanté dans le thalweg, pente moyenne 3,75 %, parallèlement au tracé optimum du collecteur général d'un réseau d'égouts efficace (origine Place Pépezuc).  Il suit en gros le tracé des rues: Porte Olivier, Chapeau Rouge, Place Pépézuc et des Anciens Combattants.

Le décumanus maximus correspond aux rues Viennet et du 4 Septembre 1870.
 
 Ceci dit pas de forum à leur croisée et peu d'autres vestiges. On se contentera d'une statue plus récente.


 Nous sommes fourbus après cette très longue journée, les pieds sont bien plus douloureux, nous arrêtons notre visite de Béziers qui est une ville dégradée et sale, même si une rue commerciale est en gros travaux.
Nous sommes heureux d'en terminer en arrivant à notre hôtel Zenitude....

Demain, nous gagnons une autre étape de l'anonyme : Saint Thibery et bien sûr par la Via Domitia que nous devrions retrouver après le golf de Béziers....


4 logistique
 
 
 
 de nombreux hôtels
 


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