mardi 19 septembre 2017

25 de Castelnau Le Lez à Gallargues 29 km

1 l’étape du jour
 
 Une étape bien rectiligne mais qui aurait du être une ligne droite pure, comme au IVème siècle,  du début à la fin et qui nous fait passer dans Ambrussum.
 
2 le tracé
 
 
 
3 le détail de l'étape
 
Grand merci à Domi et Jean-Luc pour leur superbe accueil. Ils ont eu la gentillesse de nous déposer à Baillargues ce matin. C'est dommage que ce ne soit pas comme cela tous les jours !
 



Avant d'attaquer notre périple du jour, quelques généralités et une borne milliaire qui a été déplacée.

Le tracé de la via Domitia est rectiligne et passe le plus souvent possible en limite de la garrigue sur sol calcaire qui est plus stable et plus sec que les chemins de la plaine côtière. Il est légèrement en hauteur et assez loin du rivage du coup moins de mauvaises rencontres et pas de lagunes insalubres infestées de moustiques. 
Une borne milliaire que nous ne verrons pas correspond au mille LXIII , elle est placée contre le mur, sur la droite de la porte d'entrée de l'église de Saint-Aunès. 


TI CAESAR

DIVI AVG F AVG

PONTIF MAX

TRIB POT XXXIII

REFECIT ET

RESTITUI

LXIII

Ti[berius] Caesar / Divi Aug[usti] F[ilius] Aug[ustus] / Pontif[es] Max[imus] /Tri[bunicia] Pot[estate] XXXIII / Refecit et / Restituit / milia passuum LXIII

 Tibère César, divin Auguste, fils d'Auguste, grand pontife et puissant tribun, a reconstruit et restauré cette route à la 33eme année (de son règne). 63ème mille


 Nous partons de Baillargues à 2 km au sud de la voie Domitienne gentiment déposés par Jean-Luc et Domi au centre du village. Un Romain nommé Ballius fit construire une «villa», vaste maison avec dépendances, dans son grand domaine agricole. Au fil des ans, la villa devint un village et son nom évolua jusqu'à devenir Baillargues voici quelques siècles. La première mention du village figure sur un document daté de 819 par lequel l'empereur Louis « le Débonnaire » cédait à l’évêque de Maguelone la suzeraineté des terres de Baillargues.
 Nous voyons un magasin avec des tenues anciennes qui rappellent le XIXème siècle. 


Le soleil se lève derrière l'église du village. De style roman aux murs épais au sommet desquels un guetteur peut circuler. Cette église a été fortifiée au  XVème siècle pour protéger les habitants. Des travaux de mise en défense ont laissé des traces bien visibles : façade flanquée de deux tours, restes de mâchicoulis au sommet de la façade et du clocher, meurtrières sur le chevet...


Nous gagnons la Via Domitia après avoir traversé l'autoroute. Nous voici dans la perspective de la ligne droite tracée à la groma avec des champs sur les côtés qui ont conservé pour beaucoup les limites perpendiculaires.



Nous trouvons même un gué pour rompre avec la monotonie du parcours et le bercement par le bruit de l'autoroute toute proche.


Il nous faut passer dessous et retrouver la voie romaine au sud de l'autoroute. Le tunnel est décoré par des tagueurs qui savent faire bien autre chose que les minables graffitis habituels.


La voie domitienne est également utilisée par le chemin d'Arles. Le Jacquet est content de savoir que sa destination approche et n'est plus qu'à 1463 kilomètres."


Nous approchons de la Camargue et nous voyons notre première manade avec un troupeau conséquent de taureaux et torillons.



Pour compléter le cliché des chevaux camarguais sont dans le champ voisin.








Nous fonçons vers Ambrussum, mais pour y arriver c'est un parcours dans un paysage bouleversé par les activités humaines récentes : autoroute, carrière et nouvelle voie ferrée.... Du coup, fini la ligne droite, c'est l'interprétation de la carte et du paysage en face de nous qui nous guide vers la route possible. Enfin, nous arrivons dans la garrigue et la montée vers l'oppidum.
La longue dernière ligne droite c'est la Via Domitia qui ne doit guère être fréquentée de nos jours car les pèlerins du chemin d'Arles sont détournés par Villetelle au Nord. Nous arrivons sur le site par le sud-ouest et nous tombons sur des pancartes numérotées.., Le départ est en bas au Musée que nous verrons à la fin mais il est fermé pour la pause méridienne.


Ambrussum est la seule étape de la Via Domitia avec Rama qui n'ait pas été occupée après l'époque romaine, une aubaine pour les archéologues. Ambrussum a donc révélé un relais routier, un rempart, un habitat gaulois, des domus gallo-romaines ainsi qu'une voie pavée, longue de 200 mètres, marquée de belles ornières dues aux multiples passages des chars, sans oublier le pont romain, peint par Gustave Courbet.

Commençons par l'oppidum !

 Le point haut du site (56 m) était surélevé par une tour qui permettait de voir à distance. Son rôle de tour de guet serait complété par un aspect lieu de culte. Toujours est-il que le panorama est vaste. Le Pic Saint-Loup apparaît si lointain. Il paraît qu'un peu sur sa droite il est possible de voir le Pic du Midi de Bigorre certains jours...


L'habitation du quartier sud date du Ier siècle. Cette construction gallo-romaine est loin de l'habitat à pièce unique de la période antérieure gauloise. C'est une maison de 400 mètres carrés au sol...


Les habitations du quartiers nord bien que plus modestes  ne relèvent pas de la conception à pièce unique.







Le rempart de l'oppidum en faisait le tour. Une partie a été mise à jour. Il faut imaginer le lieu tel qu'il était au passage de l'anonyme de Bordeaux...




L'accès se faisait par des portes qui perçaient les remparts. C'est par la porte sud que l'anonyme est arrivé en 333.

La chaussée empierrée laisse entrevoir les lignes laissées par les roues des chariots. Les Romains ont copiés les chariots gaulois qui étaient les meilleurs de l'empire.


La zone fouillée est à ce jour limitée. Il est possible de percevoir de part et d'autre de la chaussée des pas de porte, si bien que c'est une rue bordée de maisons que nous descendons.


Les marques laissées par les chariots sont encore plus nettes au niveau du carrefour.


Nous quittons l'oppidum par la porte orientale dont le plan figure ci-après.






 
La ville basse a dû son expansion au trafic routier de la Via Domitia, à la sortie ouest du Pont Ambroix sur le Vidourle. Les sédiments apportés par la rivière ont permis la conservation des maisons sur une hauteur de plus de 1,50 m. Fouillée par J.-L. Fiches entre 1969 et 1985, c'était à l'époque un relais routier très important, avec plusieurs tabernae : la Mutatio Ambrosi de l’anonyme de Bordeaux. Son emplacement en pied de l'oppidum est tout simplement lié à la nécessité d'avoir de l'eau et du fourrage pour les chevaux.




 

Le pont romain, qui marque le passage de la voie domitienne, a gardé un nom proche d'Ambrussum : Pont d’Ambroix (Ponte Ambrosio en 1156, Pont Ambrueys en 1390, Pont Ambruiejs en 1630, Pont Embrieu sur la carte de Cassini. Il a été construit au Ier siècle (époque Julio-Claudienneau-dessus du Vidourle. 


Le pont est construit en pierres de grand appareil (blocs de 1,40 m x 0,70 m x 0,50 m) assemblées sans mortier avec renforts d'agrafes en bronze scellées au plomb. Long de 180 mètres, il avait à l'origine onze arches, dont il ne reste que la cinquième au milieu de la rivière, d'une portée de 10 mètres. Les arches sont voûtées en plein cintre. Aux reins de la voûte, on note la présence de corbeaux de pierre servant d'appui aux cintres. Les ouvertures de crues sont modestes, ce qui explique que la poussée des eaux est la cause de l'effondrement du pont malgré la présence d'avant-becs de protection.


Il faut cependant ajouter que ce pont a volontairement été en partie démoli au Moyen Âge afin d'obliger la circulation à se faire sur le "nouveau" pont de Lunel en aval qui possédait alors un péage...

 Notre pause déjeuner au Musée est des plus frugales. C'est plutôt l'heure du partage concernant les options qui se présentent à nous.... Soit aller à Villetelle puis à Gallargues pour réussir à franchir le Vidourle. Soit 7 km de plus que l'autre option qui est de passer à gué. J'ai vu par les photos satellite qu'un passage pouvait être possible au sud du pont et éventuellement un deuxième plus en aval au niveau d'un moulin. Devant la différence de distance, le choix est fait à l'unanimité de tenter de franchir le Virdoule qui est proche du débit d'étiage quitte à faire deux kilomètres de plus.

Je pars en exploration dans la langue boisée qui semble séparer la rivière et avance parmi les blocs. Le gué à sec est facile sans risque d'autant que le point de vue sur le pont est très différent.





 Nous remontons sur l'autre rive par des escaliers. Un chemin nous amène droit sur la digue qui reste à franchir. Nous trouvons un endroit plus aisé et le chemin qui est l'ancienne voie romaine dans l'alignement du pont et qui va vers Gallargues. Un magnifique platane rend nécessaire la photo souvenir de notre arrivée vers le village.



 Sous le règne de l’empereur romain Tibère, l’existence d’une villa appartenant au tribun militaire de la VIIe Légion Quintus Statius Gallus est connue sur la colline qu’occupe aujourd’hui le village, alors que la population locale se groupe à deux kilomètres dans la cité d’Ambrussum, qui vit du relais qu’elle apporte à la Via Domitia.
Puis l’effondrement de l’Empire romain au Vème  siècle provoque une insécurité qui fait migrer la population vers les places fortes et les hauteurs. Les fouilles dernièrement pratiquées à l’occasion de la restauration de l’église Saint-Martin ont établi la présence d’une première église sur l’emplacement de l’actuelle et du village, dès l’époque carolingienne au VIIème siècle. L'ancienne Villa Gallacianicus est répertoriée au cartulaire de Notre-Dame de Nîmes en l'an 1007. 

Relai étape du pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle, on peut voir au cœur de la cité l'hôpital Saint Jacques remontant au XIIIème siècle, également l'église romane restaurée, et au sommet la tour royale édifiée comme la citadelle d'Aigues-Mortes à l'époque des croisades.

Au sommet de la colline sur laquelle la cité est construite, derrière le temple, il reste du second château de Gallargues la Tour royale du XIVème siècle, haute de 15 mètres au sommet de la tourelle circulaire qui la domine . Elle a été ré-équipée en 2010, à son sommet, du grand mat de son ancien télégraphe Chappe.

L'arrivée classique est complétée par une petite sieste, la soirée d'hier a laissé des traces.


Demain nous arrivons à Nimes par une route toute aussi rectiligne.

 
4 logistique
 
 
À Gallargues
 
 
Le Paradis des Loups 11 Rue Jean Grand, 30660 Gallargues  Tel : 06 65 60 49 50

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire