samedi 23 septembre 2017

29 d'Arles à Saint Rémy 25 km

1 l’étape du jour
 C'est l'étape où nous abandonnons l'anonyme de Bordeaux, à mi-chemin, et que nous retrouverons à Gap. L'arrivée du jour est à Saint-Remy.
 
 
2 le tracé
 
 
 
3 le détail de l'étape
 
Les entrées maritimes rendent le paysage cotonneux ce matin quand nous quittons Arles. Nous remontons le Rhône en rive droite jusqu'au port fluvial où sont arrimés les grands bateaux de croisière.
La suite du parcours nous conduit sur une rue parallèle à la route D570 qui va vers Avignon et la D35 qui se dirige vers Tarascon. Les petits immeubles plus récents  succèdent aux vieilles maisons, puis se sont une majorité d'entrepôts et enfin la prison. Nous obliquons à droite pour emprunter la D570 une première fois. 
Après moins de deux kilomètres, nous revenons sur la gauche où un confortable chemin de poursuit de façon très rectiligne sur plusieurs kilomètres dans cette plaine alluviale. Le chemin est à 5 mètres d'altitude, les champs doivent être 50 cm plus bas et les fossés de drainage encore un mètre plus bas. Lors de la plupart des crues ce chemin doit être cerné par les eaux... Au loin, seules formes qui échappent à la brume alentour les premiers bois aux pieds des Alpilles dont la forme générale est à peine visible.


Malheureusement ce chemin ne se poursuit pas jusqu'au carrefour de Saint-Gabriel. La D570, moins rectiligne, finit par se rapprocher, il nous faut la rejoindre. Sur cette courte transversale, nous découvrons le domaine Saint-Roch, aux allures de Château, ses tours sont semblables à d'autres que nous avons vu et qui sont communes dans la plaine Arlésienne.


Juste après, nous retrouvons la départementale fort passante. Heureusement, une large bande piétonnière de part et d'autre de la chaussée rend notre marche aisée et sûre. À l'horizon proche une barre d'arbres signale la route transversale est-ouest qui vient de Beaucaire et Tarascon et qui passe au nord des Alpilles.


Au loin, vers le Rhône, une autre propriété avec des tours. Ce qui frappe c'est qu'elle est bâtie sur un remblai d'au moins deux mètres qui lui évite d'avoir les pieds dans l'eau lors des crues les plus importantes.


Nous arrivons au rond-point qui signifie la fin de notre parcours sur cette route tant fréquentée, nous tournons à droite vers la chapelle Saint-Gabriel. Un pont abandonné construit en grand appareil pourrait être très ancien et remonter aux romains.


Après quelques cinq cents mètres, nous grimpons vers la chapelle perdue au milieu des oliviers. C'est une chapelle romane sans ouverture latérale et un toit en pierre, ouvrage conçu pour durer une éternité...


La chapelle Saint Gabriel du troisième quart du XIIème siècle constitue un des plus beaux exemples d'art roman provençal inspiré de l'antique, au même titre que la cathédrale Notre-Dame de Saint-Paul-Trois-Châteaux, l'église de Saint-Restitut, le prieuré du Val des Nymphes, (toutes trois proches de chez nous) la Cathédrale Notre-Dame des Doms d'Avignon, la chapelle Notre-Dame d'Aubune et l'église Notre-Dame-du-Lac du Thor

Aujourd'hui on peut s'étonner de l'implantation de cette église d'une grande qualité architecturale à l'écart de Tarascon sans qu'on puisse attacher au monument un pèlerinage quelconque pouvant le justifier.

L'intérieur de la chapelle, inaccessible sauf exception, très dépouillé, se compose d'une nef unique partagée en trois travées voûtées terminées par une abside circulaire. On y trouve une inscription gravée sur un cippe funéraire de l'époque impériale en hommage à Marcus Frontonus Euporus par son épouse Julia Nice, dont la traduction est la suivante : "Aux Mânes de Marcus Frontonius Euporussevir augustal - un des six plus anciens membres du collège de la colonie Julia Augusta des eaux sextiennes (Aix), batelier marin d'Arles patron des mariniers des Durances et de la corporation des utriculaires d'Ernaginum". L'existence de cette inscription prouve que le lieu fut la base d'une corporation d'utriculaires, qui assuraient le transport des marchandises sur des radeaux supportés par des outres gonflées (uter : outre).

De fait, le lieu a été à l'époque romaine au point de rencontre de deux branches importantes de la voie Héracléenne. Le tracé de ces routes est donné sur la carte de Peutinger indiquant qu'elles passaient par Ernaginum pour aboutir à la traversée du Rhône. L'une de ces voies, la via Domitia, suivait la Durance qu'elle traversait à Cabellio (Cavaillon) par le Nord des Alpilles et passait par Glanum (actuel Saint-Rémy-de-Provence) puis Ernaginum. L'autre venait du littoral, passant par la plaine de la Crau, et constituait aussi la branche Nord de la via Aurelia venant d'Aix-en-Provence, aboutissait à Saint-Gabriel devant une zone marécageuse importante. Une troisième voie reliait Avignon à Arles. C'est le franchissement de cette voie marécageuse qui nécessitait l'intervention des utriculaires pour assurer le transbordement des personnes et des marchandises. Il y avait donc en ce lieu une communauté de nautes et d'utriculaires permettant le franchissement du marais et assurant la circulation des marchandises venant des Alpes sur la Durance et le Rhône.



Des recherches archéologiques autour de la chapelle ont mis au jour des fondations de maisons qui ont montré l'ampleur de l'agglomération antique. Elles ont permis de trouver un cimetière paléochrétien qui permet d'affirmer que ces activités n'ont pas disparu avec les invasions barbares. En effet,  dès la fin de l'Âge du fer (du IIème au Ier  siècles av. J.-C.), un castrum est édifié sur l'oppidum de Briançon. Les fouilles ont identifié les ruines postérieures d'un établissement gallo-romain important car situé à proximité du carrefour d'Ernaginum (sur la commune de Tarascon). Cette cité fut détruite en 480 et sur ses ruines fut construite la chapelle de Saint-Gabriel.

La façade de la chapelle est d'une structure assez complexe : un premier portail, surmonté d'un tympan sculpté, est compris dans un deuxième portail, surmonté d'un fronton triangulaire à l'antique. Ce double portail est abrité sous un immense arc de décharge en plein cintre, lui-même surmonté d'un oculus entouré du tétramorphe et logé sous un arc brisé.

Cette façade présente une abondante décoration inspirée de l'antique :

 

  • Le premier portail est encadré par deux colonnes surmontées de chapiteaux à feuilles d'acanthe. Le chapiteau de gauche est surmonté d'une frise d'oves tandis que le chapiteau de droite est surmonté d'une frise de feuilles d'acanthe et d'une frise de méandres. Le portail est surmonté d'un tympan bordé d'une frise d'oves. Il représente Daniel dans la fosse aux lions (à gauche) et Adam et Ève autour de l'Arbre de la connaissance du bien et du mal entouré du Serpent (à droite).




  • Le second portail, qui englobe le premier, est flanqué de deux colonnes qui devaient être initialement cannelées (comme en témoigne la partie supérieure du fût de la colonne de gauche). Ces colonnes sont surmontées de chapiteaux à feuilles d'acanthe supportant un fronton triangulaire orné d'une frise d'oves et d'une frise de feuilles d'acanthe. Le fronton triangulaire du deuxième portail intègre un bas-relief sculpté représentant, à gauche et au centre, l'Annonciation et, à droite, la Visitation .


  • Le puissant arc en plein cintre qui abrite ce double portail prend appui sur deux corniches ornées d'une frise de feuilles d'acanthe et est, lui-aussi, bordé d'une frise d'oves.

  • Pour terminer, le majestueux oculus qui couronne la façade comporte quatre frises dont la première et la quatrième sont constituées de feuilles d’acanthe.  L'oculus est entouré du tétramorphe constitué des symboles des quatre évangélistes. Question pour la prochaine fois qui composent le tetramorphe ?

 

 Nous profitons du calme de ce lieu pour faire durer la pause en mangeant notre sandwich accompagné d'une demie orange et de deux carreaux de chocolat noir.

Nous repartons sur la route vers l'est qui est aussi très empruntée par les touristes et autobus qui vont vers Saint-Rémy et les Baux. 
Heureusement nous finissons par gagner la vieille route d'Arles bien plus tranquille.

Nous arrivons à Saint Etienne du GrèsPrésumé ancien camp romain, sur la voie domitienne allant de Saint Rémy à Tarascon,  Saint Etienne du Grès possède de remarquables sites anciens dont il subsiste encore de nombreux vestiges. Dont la Mourgue au parc d'activités de Laurade que nous n'avons pas vu : une pierre grossièrement sculptée et représentant vraisemblablement une divinité païenne pre-romaine de la fécondité. Le terme viendrait du roman morga, devenue mourgue en provençal et moniale en français. Elle a inspiré de nombreux poètes (Louis Renard, Frédédic Mistral, ...) et historiens locaux. 


On a également trouvé les ruines d’un aqueduc romain, du mobilier à Saint-Laurent (fragments d’amphores, de tegulæ, de tessons de céramique sigilée).


L'ancienne route d'Arles nous mènejusqu'à Saint-Rémy. La route est presque rectiligne et surélevée. En plus de temps en temps, un azerolier borde la route, témoin de la trace de la voie romaine. Nous sommes bien sur la voie domitienne.
 


Nous marchons dans un décor méditerranéen façonné par les apports des romains, nous pourrions être dans le Latium ou en Toscane. 
 

  

Un tapis de fleurs nous est offert à la vue et à l'odeur. Pour le mériter, il faut marcher avec la lenteur qui sied pour s'immerger dans ce tableau odoriférant. Est-ce que vous sentez l'odeur capiteuse qu'exhalent ces milliers de ?



Partout l'eau court dans de petits canaux, cette source rare en cette saison remplit de bruit notre marche vers Sain-Rémy. 
Qu'il est agréable de marcher sur cette petite route d'autant que nous sommes encouragés par des supporters à quatre pattes. 



L'approche de Saint Remy de Provence est caractérisée par l'apparition de nombreux panneaux pour les touristes. Vincent Van Gogh est le produit phare du village avec à chaque lieu où il a posé son chevalet un panneau qui montre le tableau réalisé par l'artiste. 
Heureusement, depuis le passage de Van Gogh, le site de Glanum a été découvert et l'histoire ancienne de ces lieux est également mise en valeur.  Outre des généralités, il est abordé le tracé direct vers Glanum et celui de la Via Domitia qui conserve son cap vers l'est que nous poursuivons par la route des Gaulois.




 Glanon (hellénistique Γλανόν) est une cité grecque vouée au dieu guérisseur Glan, avant d'être  Glanum cité antique de l'empire romain. Elle a connu son apogée à l'époque du premier empereur romain Auguste. Son développement s'est appuyé sur la protection des reliefs des Alpilles, la présence d'une source sacrée et le voisinage de la Voie Domitienne. 
La période de prospérité de la ville s'arrête avec sa mise à sac lors des invasions barbares qui secouent la Gaule pendant la seconde moitié du IIIème siècle. Saccagée aux alentours de 270, la ville est alors abandonnée, ses pierres utilisées pour construire ce qui deviendra la ville de Saint-Rémy-de-Provence. Les vestiges de Glanum disparurent sous les alluvions s'écoulant des Alpilles voisines. Elle fut redécouverte par les archéologues au XXème siècle. Les premières fouilles débutèrent en 1921 et les grandes campagnes se déroulèrent jusqu'au début des années 1970. 

Nous avons rendez-vous à Saint-Remy avec André et Élisabeth. Comme nous sommes quelque peu fatigués, que nous ne voyons pas de bar à Glanum sur Google Maps et qu'un premier SMS arrive nous prenons la direction du centre de Saint-Rémy pour les retrouver et boire notre bière tant désirée.

Par chance, ils viennent sur l'étape la plus chère du parcours et, avec une voiture, il est facile de trouver un hébergement à prix raisonnable à quelques kilomètres.

Élisabeth et André ont en plus amené une bouteille de champagne pour célébrer quelques anniversaires !



Demain, la voie domitienne nous conduira à Cavaillon avec André qui nous accompagnera tandis qu'Élisabeth s'immergera dans les splendeurs grecques et romaines de Glanum
 
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