samedi 7 octobre 2017

44 de Cesina Torinese à Salbertrand Via Oulx 20 km

1 l’étape du jour
 
Le beau temps est toujours de la partie mais il fait froid : -1 à 7 heures ce matin. Nous continuons à descendre le Val de Suze et passons par la capitale des Escartons d’Oulx.
 
 
2 le tracé
 
 
 
3 le détail de l'étape
 
 Ce matin, pas la moindre hésitation: ce sera la même tenue qu’hier, la tenue Foid : pantalon, première couche manche longue, polaire et, en cas de sensation de froid, pèlerine. Nous allons marcher à l’ubac de la vallée et nous serons dans l’ombre une bonne partie de la journée.

Nous quittons Cesana Torinese par le nord, la partie du village non vue hier.
Une façade porte l’inscription de l’ancienne activité commerciale du bâtiment : Auberge du bourg de l’Église Chez Aillaud - Vins et liqueurs. On se croirait en France !
  


Nous poursuivons jusqu’à l’église San Giovanni Battista qui domine l’agglomération. Elle est caractérisée par son campanile majestueux de style roman dauphinois...


...et, à l’intérieur, par un plafond en bois en caissons richement décoré, qui remonte à 1678. 

La coquille sur le bas-relief du portail témoigne du passage des pèlerins à l’église de Cesana en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle, pèlerinage très florissant depuis le XIème siècle.


Le mont Chaberton est impressionnant mais les tours sont maintenant bien visibles.


Mais je suis obligé d’agrandir quelque peu le cliché. On dirait les crénelage d’une muraille. Il me faut être plus précis sur cet épisode historique du « cuirassé des nuages ».



En 1898, l'Italie entreprit de construire au sommet du mont Chaberton une batterie de huit tours de maçonnerie surmontées de canons tournés vers la France et Briançon, défendant ainsi le passage du col de Montgenèvre.

Pour cela, les soldats ont réalisé une route depuis le village de Fénils et ont abaissé d'environ 6 mètres le sommet du Chaberton pour y installer les huit tours de 12 mètres de haut, correspondant à la plus haute chute de neige enregistrée. En 1906, chacune des tours fut armée d'un canon servi par 7 hommes et était protégée par une coupole blindée relativement légère de conception anglaise Armstrong Montagna offrant une bonne protection contre la neige, les éclats et les schrapnels. Le fort, faisait l'orgueil des militaires italiens et était alors réputé comme le plus haut et l'un des plus puissants du monde. Ses huit pièces de 149 mm permettaient d'atteindre la gare de Briançon distante de près de 18 km. Cependant,  la portée utile fut limitée à 16 km.



Pendant la Première Guerre mondiale, quand l'Italie entra en guerre aux côtés de l'Entente, les pièces d'artillerie furent démontées pour être employées sur le front contre l'Empire austro-hongrois.

Sous le régime fasciste la batterie du Chaberton fut réarmée, et représenta de nouveau une menace pour Briançon et la France. 


Pour y faire face, l'armée française fit venir quatre mortiers de 280 modèle 1914 Schneider, répartis en deux batteries une à l'Eyrette et l’autre à Poët-Morand, deux emplacements situés hors de la vue du fort italien. Les principales difficultés auxquelles se heurtèrent les artilleurs français venaient de ce que l'objectif, distant de 10 km, était situé à une altitude bien supérieure à celle de leurs batteries, que les projectiles décriraient une parabole culminant à une altitude de 5 000 m et atteindraient leur cible plus d'une minute après le départ du coup. Il n'existait pas alors de tables de tir indirect pour des conditions de combat aussi extrêmes et inédites. Une équipe d'ingénieurs fut mobilisée pour calculer en toute hâte les tables de tir des différentes pièces de l'artillerie de montagne..



Le 20 juin 1940, le fort du Chaberton tira contre les ouvrages français de Briançon, mais ne causa que des dommages mineurs. La présence de nuages empêchant la réplique des Français. Le 21 juin 1940 à 10 h, le ciel s'éclaircit et deux batteries de 280 tirèrent trois coups qui s'approchèrent des tourelles du Chaberton, avant que les nuages ne revinrent. Le ciel se dégagea vers 15 h 30 et le duel d'artillerie reprit. Les premiers coups encadrèrent les tourelles du Chaberton, Un des deux 280 de Poët-Morand, mit un coup au but sur la tourelle 1 à 17 h 15. Dans la demi-heure qui suivit furent touchées les tourelles 3, 4 et 5. À 17 h 30 la tourelle 3 fut touchée. À 18 h 5 la tourelle 2 reçut un coup au but, puis la 6. Le feu cessa à 20 h. Au total ce jour-là 6 tourelles sur les 8 furent touchées, et les Italiens eurent à déplorer 9 tués et une cinquantaine de blessés.

Le Chaberton n'était pas totalement hors de combat, les tourelles 7 et 8 continuèrent à tirer les trois jours suivants, sans être atteintes par l'artillerie française, jusqu'au cessez-le-feu et à l'armistice du 24 juin 1940.

Aujourd'hui, le fort à 3131 mètres d'altitude est devenu l'objectif de randonneurs d'un jour avec pour caractéristique 1250 mètres de dénivelé.




Nous progressons dans un sous-bois sombre qui ne sera éclairé que bien plus tard alors que depuis l'aube le Chaberton est au soleil.


 Après “una ruda salita” le terrain devient plus facile, la route est en contrebas près de la rivière et les véhicules sont devenus inaudibles.


Le chemin passe par un premier hameau : Mollieres sans soleil, la vie doit être triste. Puis un second, Solomiac qui est implanté sur une banquette bien mieux exposée.



Le deuxième hameau est plus facile d'accès et des travaux sont en cours pour rénover plusieurs maisons.


Une des maisons, en bas du hameau relève plutôt du château de montagne de part ses dimensions et sa décoration. Un superbe cadran solaire au centre de la façade est complété par des peintures murales.


Le chemin redescend sur la route nationale que nous suivons jusqu'à Oulx. L'arrivée à l'entrée du village ressemble à un carrefour de Grande ville américaine avec des ponts, viaducs et tunnels. Il faut s'y reprendre à deux fois pour trouver la voie qui conduit dans la ville. 
 
 On remonte jusqu’à l’Eglise Santa Maria Assunta qui, avec la Tour Dauphinoise (XVème siècle), domine l’agglomération d'Oulx
 L’église paroissiale Sainte Marie de l’Assomption, date du XVème siècle, et a été largement rénovée en 1862. 








Oulx était la halte décrite par le pèlerin comme mutatio ad Martis ou  ad Marte.
Oulx est située, au confluent de la Doire Ripaire et de la Doire de Bardonnèche. Les premières implantations dans la région remontent loin dans le temps, et les premiers villages datent de l’époque Romaine. Au début de l’an 1000, l’évêque de Sisteron, Giraldo, y fonda une communauté religieuse, reconnue par l’évêque Cuniberto qui mit à sa disposition des fonds et des églises. Au XIIème siècle, Ulcium appartenait au Dauphiné. 
 
En 1870, des fouilles ont permis de retrouver, à cinq mètres au-dessous du sol de cette époque, les vestiges d'une station romaine que les spécialistes identifient, depuis les travaux de Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville, vers 1760, comme le lieu-dit "Ad Martis" de l'Itinéraire d'Antonin; de la Table de Peutinger; des Gobelets de Vicarello.
La Via Cottia per Alpem, fut édifiée par Cottiuscommensal de César, dont le petit royaume enjambait la crête des Alpes, d'où les noms: Alpes Cottiennes,  Oulx avait un poste de douanes et les commerçants payaient le quarantième de leurs marchandises (une légère taxe à 2,5%…).
 
Autrefois siège de la Prévôté de San Lorenzo (XIème), ce bourg devint un des principaux sièges des Escartons, une forme administrative autonome du territoire, rappelée encore aujourd’hui par la Fiera Franca (Foire Franche), la plus ancienne du Valle di Susa, concédée en 1494 par le roi de France en dédommagement du passage des armées.


Le Bourg Supérieur conserve de nombreux bâtiments historiques des familles de la classe moyenne et noble de cette ville alpine. En plus de la Piazza Mistral, le long de la rue principale (du nom de la famille Des Ambrois qui y possédait deux bâtiments) se trouvent: la fontaine publique couverte, la maison Gally du XVème siècle, les deux palais des Ambrois, une maison avec une galerie (XVIIème siècle), la Maison Bermond.


Dans le bas du village, dit le plan, on remarque la fontaine aux Dauphins de la place Garambois, qui a inspirée la fontaine du XIXème siècle duTurin médiéval et le palais du XVIème siècle du capitaine La Cazette, avec des fenêtres à meneaux et porte en pierre avec inscription. Plusieurs maisons et des sites historiques et architecturaux sont présentés par les panneaux de la « Route Des Ambrois » créés pour le 150e anniversaire de l'Italie. 


  


Nous quittons Oulx par la route nationale au passage piéton bien aménagé. Après le centre commercial, notre chemin s'écarte pour gagner le sentier des Francs. L'itinéraire suit le chemin hypothétique que Charlemagne et ses troupes suivirent en 773 pour affronter  l' armée de Longobardi qui campait vers San Michele dans le fond de la vallée. 

La bataille a eu pour conséquence l'arrivée des Francs dans le Piémont et, peu de temps, après la fin du règne des Lombards dans le nord de l'Italie après deux siècles de règne incontesté.



Ce sentier est tout sauf plat, ce n'est qu'une suite de montées et descentes à flanc de montagnes.


Heureusement, de proche en proche, des panneaux nous informent des activités passées comme la production de charbon de bois.


Sans le panneau nous n'aurions vu qu'un tas de pierres.


 Au XVIIème siècle, les protestants du Dauphiné et du Piémont subirent de terribles persécutions et durent s’exiler. Environ deux cent mille Huguenots cherchèrent refuge d’abord à Genève puis en Allemagne. Les Vaudois des vallées du Piémont, également contraints à l’exil, suivirent leurs traces. Lors de leur voyage de retour, ils furent les protagonistes d’une véritable épopée qu’on appela la Glorieuse Rentrée.
Aujourd’hui, ces parcours et toute l’histoire qui y est rattachée font partie du projet international appelé « Sur les pas des Huguenots et des Vaudois ». Il s’agit d’un itinéraire de 1800 kilomètres entre la France, l’Italie, la Suisse et l’Allemagne, et qui a été certifié par le Conseil de l’Europe comme un des 32 « Itinéraires culturels européens ». .   En 1686, à la demande de Louis XIV, Vittorio Amedeo II de Savoie interdit le culte Vaudois  dans le Royaume et a imposé l'exil à ceux qui ne sont pas retournés au catholicisme. En 1689, Guillaume III d'Orange, l'ennemi de Louis XIV, organisa une grande coalition contre la France et, dans ce contexte, finançait une expédition militaire dans le Piémont composée de mille hommes dans la majorité des Waldensiens.
À partir du lac Léman, l'expédition a traversé la Savoie et, après un affrontement à Salbertrand avec les troupes françaises et 14 jours de marche, ils  réussirent à retourner dans les Vallées d'origine. C'est ici que le 3 septembre 1689 eut lieu l'affrontement décisif pour le retour des Vaudois dans leurs vallées.




Après avoir traversé autoroute, rivière, voie ferrée et toute nationale nous arrivons à Salbertrand.



Nous y voyons une maison ancienne bien décorée 


Depuis la seconde moitié du onzième siècle, Salbertrand fait partie du Dauphiné puis du Royaume de France, ainsi que d'autres villages de la haute vallée de Suse en amont de Gravere. Avec la signature du Traité d'Utrecht en 1713, ces terres du Dauphiné sont vendues à la Savoie.

L' église paroissiale, consacrée à saint Jean-Baptiste , est déjà mentionnée en 1057 sur l'acte par lequel le marquis Oddone de Savoie et la comtesse Adélaïde de Susa, sa femme, lui ont donné la prévôté de San Lorenzo di Oulx. En raison de son architecture complexe et de ses fresques magnifiques datant du début du XVIème siècle, elle est définie par Savi comme : "L'église la plus artistiquement plus riche et la plus complète dans l'ensemble de la haute vallée de Susa".



Juste à côté de trouve le seul bar-restaurant du village. Nous y buvons une bonne bière et demandons à réserver pour dîner. C'est impossible tout est réservé pour le dîner qui suit la messe de 17 heures. C'est une fête religieuse qui mêle les baptisés et le communiants. 
Résultat comme il n'y a rien à des kilomètres à la ronde, c'est un dîner frugal dans la chambre après bien sûr le match de rugby UBB-RCT !

Demain nous arriverons à Suse où nous étions déjà passé l'an dernier.




 
4 logistique
 
 
Hébergement 
Istuto internazionale Don Bosco Vicolo San Giusto 8  tel +39 0122 831051
Albergo Casetta del Gad Via Riccardo Ghiotti, 19   Tel:0122 831087  info@lacasettadelgad.it B&B 60€ Restaurant sur place
Hôtel Chez Toi  Via Des Ambrois 28  Borgo Alto - Oulx   tel   0122832146 info@hotel-cheztoi.it  
B&B Per Te      Piazza Dorato Guido 5   mobile : +39 335 6394103Email: info@vacanzeperte.eu      B&B 70€    
B&B Alba Serena  Corso Torino 69/C tel  3389462568  info@albaserena.it

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