jeudi 5 octobre 2017

42 de Montdauphin à Briançon 33 km

1 l’étape du jour
 
Nous avons décidé de pousser jusqu'à Briançon pour profiter du temps exceptionnel.
 
 
2 le tracé
 
 
 
3 le détail de l'étape
 
 Nous descendons de Mont-Dauphin de bonne heure, il fait très beau mais seul le haut de l'Adret, en face, est au soleil... Autrement dit il fait froid ! Nous sommes toujours dans la même tenue, peut-être que demain nous porterons le pantalon pour grimper à 1850 mètres d'altitude. Nous avons décidé d'aller jusqu'à Briançon car la fin d'étape envisagée ne laissait que 6 km à parcourir.. 
Vu du pied de Mont-Dauphin, la place-forte est encore plus impressionnante en contre-jour au sommet de la falaise de 100 mètres.






Chanteloube est en face de Saint-Crépin en rive droite de la Durance. Le site était déjà occupé au premier âge du fer (environ 600 avant notre ère), comme en témoigne la découverte en 1836, d'un squelette avec des anneaux de bronze passés à l’une de ses jambes. Par ailleurs, au siècle dernier près de l’Église Vieille, ont été mises au jour des tombes datant au début du christianisme. La Via Domitia y passait.
 
 

Rama était une étape de la Via Domitia, est aujourd'hui bien localisée. Elle se trouvait en aval de la Roche-de-Rame, sur la rive droite de la Durance, au confluent avec la Biaysse, au lieu dit Chapelle-de-Rame. Le site a été détruit au Moyen-Âge par une inondation.

Ce site de Rama est citée dans plusieurs itinéraires. En 333 dans l'Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem, elle est localisée aux limites de la frontière des Alpes Cottiennes, à mi-chemin entre Briançon (Briganto) et Embrun (Ebutuno).



Sur l'autre rive de la Durance, La Roche-de-Rame était également peuplée lors de l'antiquité. Des témoignages archéologiques confirment une présence très ancienne (nécropole gallo-romaine avec urnes, fibules et bracelets). De ce fait, plusieurs historiens ont placés Rama en rive gauche comme étant La Roche-de-Rame d'aujourd'hui. 

La mutatio de Rama figure sur plusieurs itinéraires : les gobelets de Vicarello (Ier siècle); Antonin (280), de Bordeaux à Jérusalem (333) et bien sûr sur la table de Peutinger dont l’origine a été établi au IIIème siècle. Mais, sa position demeurait incertaine. Les tenants d'un parcours alterné rive droite et rive gauche faisant de La Roche-de-Rame la mutatio Rama étant contredits par d'autres pour lesquels le risque de franchir deux fois la Durance était inconsidéré d'autant que le passage à l'ubac rendait aussi la voie moins praticable. C'est en 2003 que la sécheresse sévère a permis de mettre en évidence les traces de ce qui a été pris au début pour une villa mais s’est évéré être en fait la mutatio Rama sur la base d'un édifice orienté sud-est/nord-ouest et un bâtiment à abside sur une superficie de 1840 m2. Plan qui ressemble tout à fait à la mutatio de Saint-jean-Poutge.

  La mutatio était bien en rive droite !




Un sondage archéologique a été effectué sur le site de Rama en 2006 en creusant une tranchée au travers du site présumé. Il a permis d'obtenir d'importantes informations, d'une part d'ordre archéologique concernant la présence de constructions antiques enfouies, et, d'autre part d'ordre géoarchéologique concernant l'environnement et la géologie.



Deux niveaux de crues ont été mis au jour : le premier au cours du IVème siècle est venu buter contre un des murs de la construction qui a fait office de digue, le deuxième au début du Vème siècle, beaucoup plus important, a recouvert tout le site antique, mais celui-ci était déjà abandonné à cette époque. L'abandon du site donc de l'entretien d'éventuelles digues peut expliquer que les crues ont tout recouvert. L'abandon du site est révélé par la présence des grandes tuiles plates, les tegulae, longues de 40 à 50 cm qui tombèrent à plat lorsque les toitures s'effondrèrent après l'abandon. Les niveaux de tegulae ont été recouverts par un niveau d'incendie. On aurait donc eu abandon, destruction des toitures, puis incendie, puis crue dont les dépôts ont recouvert l'ensemble. Il est important de noter que l'abandon du site est antérieur aux crues qui l'ont recouvert et n'a pas été provoqué par celles-ci.

 Ces informations concernant Rama sont issues du site de l’Université d’York et plus particulièrement du site de Vallouimages.



Le périple de la Via Domitia se poursuit en rive droite de la Durance pour arriver à L'Argentière-La BesséeVers -10 000 av. J.C., l’Argentière repose sous une épaisse couche de glace, de plus de 500 mètres d’épaisseur. Le site est de ce fait l’un des plus spectaculaires confluents glaciaires des Alpes, à la croisée du glacier de la Durance et de celui, encore plus puissant, du Pelvoux. Cette époque modèlera à jamais le paysage, laissant derrière elle ce que les géologues nomment la « fenêtre » de l’Argentière.

De par sa situation à proximité du col de Montgenèvre, au confluent de la vallée de la Durance et de celle de la Gyronde, L’Argentière-La Bessée a été favorisée par les grandes voies de communication comme la Via Cottia per Alpem à l’époque gallo-romaine, la route du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle au Moyen Âge, et les routes royales et impériales. De ce fait L’Argentière a bénéficié des échanges commerciaux, culturels, artistiques et techniques. L'origine du nom de la localité vient de la présence de mines de plomb argentifère. Les recherches archéologiques ont permis de démystifier l’exploitation de mines d'argent par les Romains. Les datations au carbone 14 indiquent en effet une activité étalée entre le Xème et le XIVème siècles, confirmée par plusieurs textes médiévaux qui indiquent clairement une exploitation minière aux XIIème et XIIIème siècle dans la vallée du Fournel. Leur conception surprend pour l'époque, elles comportaient des galeries de circulation, d'aération et d'écoulement. 

 La Durance voit son cours se raréfier au fur et à mesure de notre remontée.


 Aujourd'hui, nous avons encore pris des risques inconsidérés en progressant sur la route. Je demanderais à mon coiffeur la prochaine fois une coupe affouagére juste pour voir.... Au vu du panneau, j'ai peur que de nombreux accidents ne surviennent dans les bois, il y a déjà les chasseurs et les champignons !
  


 C'est aprés Prelles qu'apparaît au loin le système de fortification de Briançon avec la ville récente au pied du fort Vauban.
 





 Les origines de Villar Saint Pancrace remonteraient à l'époque pré-romaine, et fut certainement un établissement ligure. Un « trésor » de pièces romaines fut découvert sous un rocher, qui fut dynamité pour construire une maison. Jusqu'à la Révolution, Villar-Saint-Pancrace fut une communauté de l'Escarton de Briançon.Existence du château de la Tour appartenant au seigneur de Bayle.

  En 1542, l’église de Villard Saint Pancrace fut construite dans le style roman sous la direction de l’architecte Ristolani, dont le nom figure sur le pilier gauche du portail. Les habitants de Villard Saint Pancrace participèrent à sa construction. Le modèle initial de l'église est sans doute la cathédrale d’Embrun et plusieurs éléments nous le rappellent comme le portail jumeau sur le goutterot sud et les arcatures lombardes. 
Le clocher en revanche est complètement atypique et il est fort probable qu’il n’est jamais été achevé soit pour des raisons financières, soit parce que déjà l’édifice présentait des problèmes de stabilité. Quoiqu’il en soit sa forme de guérite servait autrefois de poste de garde pour un guetteur qui surveillait la nuit d’éventuels début d’incendie. Dès l’abord, on remarque le très beau cadran et son inscription « toutes blessent… la dernière tue ». 


Trois portails : un sur le mur du fond, deux sur le mur latéral sud. Pour l’anecdote, le double portail est une des caractéristiques des plus sujettes à interprétation – on dit que ce fut un rituel lors des inhumations – Le cercueil entrait par une porte et après l’office ressortait par l’autre qui symbolisait l’entrée au paradis. C’est une interprétation fort sympathique, et de tout repos, mais qui n’a aucun fondement. 







Encore quelques efforts et nous voilà au pied de la citadelle de 
Briançon.


L'existence de Briançon est successivement rapportée par StrabonPtoléméeAtticus et Pline, lequel en attribuerait « la fondation à des Grecs chassés des environs du lac de Côme par les Boïens et les Sénonais, qui auraient détruit leur ville, Brigantium. Ces Grecs se seraient réfugiés dans les Alpes, se fixèrent entre le mont Genèvre et Sisteron et bâtirent une ville qu'ils nommèrent Brigantium, en mémoire sans doute de la cité qu'ils avaient habitée en Italie. » D'autres veulent que ce soit Bellovèse ou Brennus qui ait fondé cette ville ». Briançon est également présent sur les gobelets de Vicarello. Elle est la capitale des Brigiani.

Briançon est un axe majeur, dès l'Antiquité, César pendant la Conquête de La Gaule passa à Briançon. À l'époque romaine, Briançon (en latin : Brigantio) ou Brigantium fait partie des Alpes cottiennes, gouvernées un temps par le roi Cottius, et c'est un point de passage essentiel sur la route de Turin à Arles. L’agglomération s’étend sur environ 25 hectares et est dotée d’un amphithéâtre. Elle est appelée castellum Virgantiam par Ammien Marcellin (seconde moitié du IVème siècle). Briançon était une municipe de droit latin, qualifiée de Castellum au Bas-Empire. La ville haute disposait des thermes et d’une nécropole vers l’est. La ville basse possédait un  grand amphithéatre, plus grand que celui de Suse. La Via Domitia était le decumanus  maximus de Brigantio.

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Bien qu'il n'y ait pas eu de fouille archéologique et que peu de vestiges aient été retrouvés, il semble que le bourg romain ait été situé au nord de la ville fortifiée actuelle, entre le cimetière et l'épaulement qui accueille le fort des Salettes. Ont été découverts en 1900, les vestiges d’un établissement de bains et, plus récemment, d'autres constructions et d’une nécropole.

Après les invasions barbares du IVème au IXème siècle, la ville romaine Brigantium se replie sous la protection du piton fortifié qui domine l'étroite vallée de la Durance ; castellum faisant partie de la Francie médiane (traité de Verdun), elle passe ensuite dans le Saint-Empire romain germanique. Elle est donnée aux comtes d’Albon en 1040 (futurs Dauphins de Viennois), elle occupe alors la moitié nord de son assise actuelle et un quartier, aujourd'hui disparu, situé sur l'emplacement du Champ-de-Mars.

La Grande Gargouille (la Grande Rue) est pavée sur 1000 m environ, elle est sillonnée d'une rigole centrale où l'eau, destinée à l'origine à la lutte contre les incendies, coule à vive allure.



La Petite Gargouille (rue de la Mercerie) Hautes et sévères façades, escaliers montant à des portes ornées de ferronerie : une rue étroite, rénovée avec soin et souci du détail..



Idéalement situé, à quelques pas de la Grande Rue à Briançon, la collégiale Notre-Dame-et-Saint-Sébastien a été construit entre 1703 et 1718 par le marquis de Vauban. Le bâtiment a remplacé l'église médiévale unantica détruite pour des raisons militaires et a dû prouver avec sa grandeur la politique catholique de Louis XIV. Un cadran solaire orne la façade principale. Il est l'un des plus anciens et les mieux conservés dans la région des Hautes-Alpes. Il peint en trompe-loeil imitant un décor en bois sculpté et doré. 


 


 
  




La maison des Templiers  est située à l'angle de la place du Temple et de la rue du Temple, face à la collégiale Notre-Dame-et-Saint-Sébastien. Elle doit son nom à la commanderie des Chevaliers du Temple qui occupait les lieux au Moyen Age. La maison des Templiers a été édifiée en 1575 dans un style évoquant la Renaissance italienne. Elle aujourd'hui occupée par l'office de tourisme. Un magnifique portail d'entrée est situé rue du Docteur Vagnat.





La Cité Vauban, du nom de ce célèbre ingénieur militaire qui imagina au début du XVIIIème siècle les fortifications de la ville historique de Briançon.. La citadelle est dominée par le fort du Château.
Plusieurs portes donnent accès à l'intérieur de la cité Vauban : la porte d'Embrun située en bas, la porte de Pignerol et la porte Dauphine situées en haut. La porte de la Durance permet de rejoindre le Pont Asfeld et le fort des Trois Têtes.
La ville de Briançon fait partie des sites majeurs du réseau Vauban classés au Patrimoine Mondial de l'UNESCO. Et cela n'est guère étonnant au regard du système de fortification imposant et majestueux qui constitue le système fortifié de montagne le plus important d’Europe.







Demain, nous allons franchir le col du Montgenevre avant de redescendre à la même altitude en Italie, à Cesana Torinese.


 


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